En finale de l’Euro 84, la France sont opposées à l’Espagne au Parc des Princes. C’est la première fois depuis l’Euro 60 que le pays accueille un tournoi majeur. De toute leur histoire, les Bleus n’ont jamais passé le cap des demi-finales d’une compétition continentale. Leur palmarès est vide. Malgré le poids du passé, quand les hommes de Michel Hidalgo accèdent à la finale, tout un peuple se met à rêver. Et si, cette fois, la France était championne ?
La sélection tricolore est emmenée par Michel Platini, déjà auteur de huit buts en cinq matchs dans cet Euro. Le deuxième meilleur buteur de la compétition, Franck Arnesen, émarge alors à trois réalisations. Le natif de Jœuf porte littéralement les siens sur ses épaules. Avec une équipe dans laquelle figure Joël Bats, Jean Tigana, Luis Fernandez, Alain Giresse et Bernard Lacombe, les Bleus se présentent face aux Espagnols de Miguel Muñoz Mozun dans les meilleures dispositions.
Pour les deux équipes, il s’agit de leur première confrontation en compétition officielle. Les Français ont jusque là un bilan plutôt défavorable : 4 victoires, 10 défaites et 5 matchs nuls. Mais, un certain 27 juin 1984 au parc des Princes, les hommes de Michel Hidalgo ont rendez-vous avec leur destin.
Finale de l’Euro 84 : fiche technique de France – Espagne
Euro 84, histoire d’un sacre attendu par tout une nation
Alors que la France accède à la finale d’une compétition majeur pour la première fois de son histoire, les joueurs et le public ont encore le goût amer de élimination des Bleus en demi-finale de la Coupe du Monde 82. L’agression du gardien de la RFA, Harald Schumacher, sur le pauvre Patrick Battiston est dans toute les têtes. Pour le peuple de France, l’heure de la revanche a sonné.
Un match d’hommes, très fermé et très intense
L’Espagne s’est péniblement sortie du groupe B. Grâce à un but de Maceda face à la RFA, dans les ultimes minutes du dernier match de poules, la Roja a coiffé l’Allemagne de l’Ouest au poteau et a rejoint les demi-finales en compagnie du Portugal. Dans le dernier carré, elle a écarté le Danemark aux tirs au but. Les Espagnols ne pratiquent pas encore le jeu léché à une touche de balle qu’on lui connaît à l’heure actuelle. C’est une équipe qui a l’habitude des matchs au cordeau. En première mi-temps, le match est rugueux. Plus qu’un duel tactique, c’est une bataille physique que se livrent les deux équipes. Aucune des deux sélections ne réussit à se mettre en évidence. À la mi-temps, les deux équipes sont dos à dos et la France commence à être nerveuse.L’Espagne est arrivée en finale en grande partie grâce à Arconada, son gardien de but. C’est le meilleur gardien de la compétition. Contre le Danemark, il a été l’auteur d’une double parade exceptionnelle en fin de prolongation, alors que les deux sélections étaient à égalité (1-1). C’est lui qui a offert à l’Espagne la séance de tirs au but à l’issue de laquelle elle s’est qualifiée pour la finale.
Platini gagne l’Euro à lui seul et envoie la France au paradis
Flamboyants jusque là, les Bleus commencent à douter alors que débute le deuxième acte de cette finale. Mais le destin s’en mêle. Un peu avant l’heure de jeu, Michel Platini bénéficie d’un coup franc à la limite des seize mètres, légèrement excentré sur la gauche. Le duel Platini-Arconada est resté dans les annales du football. Platini tire parfaitement son coup franc, Arconada le bloque… puis relâche la balle dans son but. La France mène 1-0.
La suite de la rencontre n’est pas de tout repos. L’Espagne pousse, mais n’arrive pas à prendre Joël Bats à revers. À cinq minutes de la fin du match, le colosse de Plouvorn, Yvan Le Roux, est expulsé pour un deuxième carton rouge. Lacombe fait les frais de l’expulsion et est remplacé par Genghini. Hidalgo cherche à bétonner son milieu de terrain pour éviter de prendre un but. Grâce à un lob victorieux de Bruno Bellone dans les arrêts de jeu de la rencontre, les Français font le break et scellent leur destin. Quelques secondes plus tard, le coup de sifflet de l’arbitre met fin au calvaire des espagnols. Les joueurs peuvent lever les bras au ciel. La France est championne d’Europe de football.Après la finale, un héritage trop lourd à porter
Le pauvre Araconda a été le héros malheureux de cette finale. Au-delà de son geste raté, l’expression « faire une Araconda » est entrée dans le vocabulaire footballistique. Pour l’Espagne, qui courrait après un titre continental depuis l’EURO 1964, cette défaite a été traumatisante. Il faudra plus de vingt ans pour que l’équipe retrouve le firmament européen, avec la génération des Inesta et Xavi. Ils remporteront l’Euro 2008, disputé en Autriche et en Suisse.
Quant aux Français, ce sacre européen coïncide avec l’apogée de Michel Platini. Dans les rues de Paris, c’est la liesse. Lors de la coupe du Monde 86 au Mexique, la France tombera comme en 1982, en demi-finales face à la RFA (2-0). Les Bleus devront attendre la génération de Zinédine Zidane pour retrouver les sommets. Seize ans après, les Bleus d’Aimé Jaquet remporteront l’Euro 2000.
32 ans plus tard, La France accueille de nouveau la compétition continentale. Reste à savoir si les bleus réussiront à briller durant l’Euro 2016 comme ils ont su briller en 1984.
Résumé du match France-Espagne de 1984 qui fera rentrer les Bleus dans la légende du football mondial :