Pour sa dixième édition, le Championnat d’Europe des Nations change de dimension. La compétition organisée par l’UEFA est impactée par les changements politiques dans certaines régions européennes. Ainsi, l’effondrement du bloc soviétique entraine une participation croissante de nations aux qualifications de l’Euro. L’URSS, vainqueur de l’Euro 1960, fait ainsi place à neuf nouvelles nations. De même, la Yougoslavie est interdite de participer à la compétition par l’ONU mais trois nouveaux pays de l’ancienne Yougoslavie participent à leur première phase de qualification.
La Tchécoslovaquie, vainqueur de l‘Euro 76, est également divisée en deux avec la République Tchèque et la Slovaquie. Avec l’arrivée de l’Israël et du Liechtenstein, seize équipes découvrent le Championnat d’Europe des nations lors de cette édition. L’UEFA s’adapte à cette hausse de participants (47 contre 33 pour l’Euro 92) en proposant une phase finale à 16 nations contre 8 auparavant.
Ce changement de formule facilite la qualification des grandes nations à la phase finale et permet à des pays de se qualifier pour la première fois au tournoi final. Ainsi, six pays (Russie, Croatie, République Tchèque, Suisse, Turquie et Bulgarie) sont néophytes lors de la phase finale en Angleterre.
L’Euro 96 est également marqué par l’instauration de la victoire à trois points et la mise en place du but en or lors de la phase finale. La première équipe marquant en prolongation gagne le match.
Euro 1996 : Le tableau final avec la victoire de l’Allemagne
Dans ce tournoi final à 16 nations, l’Allemagne, vainqueur en 1972 et 1980, remporte son troisième championnat d’Europe en battant la République Tchèque (2-1) en finale à Wembley. Les Allemands éliminent en demi-finale le pays hote, l’Angleterre, aux tirs au but (1-1, 6-5 tab).
Équipes | Allemagne – République Tchèque |
Score final | 2-1 (beo) |
Date | 30 juin 1996 |
Stade | Wembley stadium, Londres (73.611 spectateurs) |
Arbitre | Pierluigi Pairetto |
Buts | Allemagne : Bierhoff (73e et 95e) République Tchèque : Berger (59e sur pen) |
Équipes | République Tchèque– France |
Score final | 0-0 (6-5 tab) |
Date | 26 juin 1996 |
Stade | Old Trafford, Manchester (43.877 spectateurs) |
Arbitre | Leslie Mottram |
Équipes | Allemagne – Angleterre |
Score final | 1-1 (6-5 tab) |
Date | 26 juin 1996 |
Stade | Wembley stadium, Londres (75.862 spectateurs) |
Arbitre | Sandor Puhl |
Buts | Allemagne: Kuntz (15e) Angleterre: Shearer (3e) |
Euro 1996 : L’Allemagne championne d’Europe avec le but en or
Avec 47 nations participantes, l’UEFA conserve un système de poules pour les qualifications. Les premiers des huit groupes sont directement qualifiés pour phase finale en Angleterre ainsi que les six meilleurs seconds. Les deux derniers seconds s’affrontent en match de barrage pour la dernière place. Découvrez dans cet article ce qu’il en est pour l’Euro 2016 qui se déroulera en France.
De nouveaux pays participent aux éliminatoires de l’Euro 96
Avec la nouvelle formule, les grandes nations du football européen entament les qualifications avec davantage de certitude. Contrairement aux précédentes éditions, ces nations semblent à l’abri de mauvaises surprises. Ces qualifications sont une découverte pour seize pays : l’Israël, le Liechtenstein, la République Tchèque, la Slovaquie, la Croatie, la Macédoine, la Slovénie, la Russie, la Géorgie, la Lettonie, la Lituanie, l’Estonie, l’Ukraine, la Biélorussie, la Moldavie et l’Arménie.
Le groupe le plus serré de ces qualification est le groupe 5 avec la présence des Pays Bas, quart de finaliste de la Coupe du Monde 94, de la Norvège, présente également aux États-Unis et de la République Tchèque. Les Norvégiens réalisent un carton plein contre les autres équipes du groupe (Biélorussie, Luxembourg et Malte). De leur coté, les Hollandais (défaite en Biélorussie) et les Tchèques (défaite au Luxembourg et match nul à Malte) laissent des plumes. Mais, les confrontations directes permettent à la République Tchèque de terminer première et aux Pays Bas de devancer sur le fil la Norvège. Néanmoins, les Bataves ne valident pas tout de suite leur billet pour l’Angleterre car ils ne terminent pas dans les six meilleurs deuxièmes. Malgré ses talentueux joueurs (Bergkamp, Overmars, Kluivert, Seedorf, Davids, les Frères De Boer), la sélection « Oranje », championne en 1988, est condamnée à jouer un match de barrage contre l’Irlande.
Dans un groupe abordable, les Irlandais se font des frayeurs et finissent deuxième de justesse derrière le Portugal. L’équipe de Jacky Charlton devance lors de la dernière journée ses voisins nord-irlandais et les Autrichiens. Mais le parcours chaotique des Irlandais les oblige à passer par le match des barrages. Dans les autres groupes, la surprise est l’élimination directe de la Suède, magnifique troisième de la Coupe du Monde 1994. Les Suédois avec notamment Tomas Brolin, Martin Dahlin et Kennet Andersson remportent seulement deux succès en huit matches et sont logiquement devancés par les Suisses et les Turcs. Par ailleurs, Jari Litmanen, troisième du ballon d’or 1995, ne peut qualifier la sélection finlandaise pour sa première phase finale.
Le match de barrage oppose donc les Pays Bas à l’Irlande dans le mythique stade d’Anfield (Liverpool). Favoris de ce barrage, les Hollandais marquent en première mi-temps par Patrick Kluivert mais restent sous la menace d’un retour des Irlandais de Tony Cascarino. Finalement, le jeune avant-centre de l’Ajax Amterdam (19 ans) double la mise en toute fin de match et envoie son pays à l’Euro. Kluivert est un buteur des grands rendez-vous après avoir inscrit l’unique but de la finale de la Ligue des Champions contre la Juventus Turin en mai 1995.
Les qualifiés pour la phase finale en Angleterre sont donc la Roumanie et la France (groupe 1), l’Espagne et le Danemark (groupe 2), la Suisse et la Turquie (groupe 3), la Croatie et l’Italie (groupe 4), la République Tchèque et les Pays Bas (groupe 5), le Portugal (groupe 6), l’Allemagne et la Bulgarie (groupe 7) et la Russie et l’Écosse (groupe 8).
Les Allemands battent les surprenants tchèques en finale à Wembley
Pour cette phase finale en Angleterre, quatre groupes de quatre équipes sont constitués. Les deux premiers de chaque groupe sont qualifiés pour les quarts de finale. La grande nouveauté de cette compétition est l’instauration du but en or à compter des quarts de finale.
Dans le groupe A, l’Angleterre et les Pays Bas confirment leur statut de favoris en s’adjugeant les deux premières places. Malgré un match nul contre la Suisse (1-1) lors du match d’ouverture, les Anglais méritent amplement leur qualification. L’équipe de Terry Venables domine logiquement les Ecossais (2-0) avec un but splendide de Paul Gascoigne avant de martyriser les Hollandais (4-1). Les coéquipiers de Tony Adams se positionnent comme un sérieux prétendant au titre après cette démonstration et peuvent compter sur le prolifique Alan Shearer (4 buts en poule). De leur coté, les Pays Bas sont en crise avec des conflits au sein de l’équipe. Les Bataves doivent leur qualification à un but salvateur de Patrick Kluivert contre les Anglais (1-4) et le manque d’efficacité des Écossais contre les Suisses (1-0).
Dans le groupe B, la France et l’Espagne éliminent deux nations de l’Europe de l’est, la Bulgarie et la Roumanie. Une contreperformance pour ces deux nations qui bénéficient de belles générations. La Bulgarie de Hristo Stoitchkov a terminé quatrième de la Coupe du Monde 1994 et la Roumanie de Gheoghe Hagi a été battue en quart de finale aux Etats-Unis. La sélection des Carpates déçoit particulièrement avec trois défaites dans cette phase finale.
Dans le groupe C, l’Allemagne et l’Italie sont logiquement favorites et confirment en battant respectivement la République Tchèque et la Russie lors du premier match. Si les Allemands assurent en battant la Russie (3-0) au deuxième match, la Squadra Azzurra chutent en infériorité numérique contre les Tchèques (1-2). Le sélectionneur, Arrigo Sacchi, est critiqué pour avoir fait tourner son effectif pour ce match. Les Italiens doivent obtenir un meilleur résultat que la République Tchèque lors du dernier match. Les coéquipiers de Paolo Maldini tombent sur un grand Andreas Kopke qui stoppe un pénalty de Gianfranco Zola en début de match et reste intraitable face aux assauts italiens en seconde mi-temps. Les Italiens ne profitent pas de leur supériorité numérique et sont éliminés suite au but du Tchèque Vladimir Smicer en fin de partie contre la Russie (3-3).
Le dernier groupe est ouvert avec le tenant du titre danois et trois néophytes, la Croatie, le Portugal et la Turquie. L’équipe croate est la plus impressionnante avec notamment le festival de Davor Suker contre le Danemark (3-0 dont un super lob du futur joueur du Real Madrid). Mais, l’équipe de Miroslav Blazevic termine seulement à la deuxième place suite à leur défaite contre le Portugal (0-3) avec une équipe fortement remaniée. La sélection danoise ne réédite pas sa performance de l’Euro 92 malgré un dernier succès contre la Turquie (3-0).
Les quarts de finale sont serrés avec peu de buts. La France sort les Pays Bas aux tirs au but (0-0, 5-4 tab) sur un arrêt de Bernard Lama sur une tentative de Clarence Seedorf. De leur coté, les Anglais souffrent face à l’Espagne et ont également recours aux tirs au but pour écarter la Roja (0-0, 4-2 tab). Le match le plus passionnant est l’opposition entre l’Allemagne et la Croatie. Les Croates bousculent la Mannschaft mais l’expulsion d’Igor Stimac en début de seconde mi-temps permet aux Allemands de s’imposer sur le fil (2-1). L’équipe de Miroslav Blazevic se vengera à la Coupe du Monde 1998 en laminant les Allemands en quart de finale (3-0). Dans le dernier match, les Portugais menés par Luis Figo se font surprendre par les Tchèques sur un splendide lob de Karel Poborsky (1-0).
Les deux demi-finales finissent aux tirs au but. Si le match entre l’Angleterre et l’Allemagne (1-1) est intense et plaisant, l’opposition entre la France et la République Tchèque (0-0) est interminable pour les spectateurs. Les Bleus perdent aux tirs au but avec un raté du Nantais Reynald Pedros. Les Tchèques retrouvent les Allemands en finale. La Mannschaft élimine l’Angleterre à Wembley dans une grande ambiance. Le cinquième but d’Alan Shearer dans la compétition ne suffit pas pour qualifier les Anglais pour la finale tant espérée.
Avec une équipe amoindrie, les Allemands souffrent face aux surprenants tchèques. Patrick Berger ouvre même le score sur pénalty. Le tournant du match est l’entrée en jeu de l’attaquant allemand Oliver Bierhoff. Le joueur de l’Udinese égalise rapidement de la tête avant de récidiver en prolongation. Ce but en or historique donne le troisième titre de champion d’Europe à la Mannschaft et le premier à l’Allemagne réunifiée.
Le vainqueur : le premier titre de l’Allemagne réunifiée
Après trois finales de Coupe du Monde (1982, 1986 et 1990), l’élimination en quart de finale contre la Bulgarie lors de l’édition de 1994 marque les esprits en Allemagne. L’équipe est jugée vieillissante avec notamment Lothar Matthaus, Andreas Brehme et Rudi Voller. Le sélectionneur Berti Vogts est confirmé dans ses fonctions et décide de ne plus appeler Lothar Matthaus, devenu libéro en fin de carrière.
En effet, Le sélectionneur allemand dispose d’un libéro de haut niveau avec Matthias Sammer. Le joueur du Borussia Dortmund est au sommet de sa carrière. Sammer termine meilleur joueur de la compétition et remporte le ballon d’or 1996. Un belle consécration pour cet ancien « Allemand de l’est » qui devance le Brésilien Ronaldo (PSV Eindhoven / FC Barcelone). L’autre joueur clé de la Mannschaft est le portier Andreas Kopke. Le futur marseillais est décisif sur l’ensemble des matches couperets. Les Italiens peuvent témoigner des belles performances du gardien allemand qui a ruiné les espoirs de qualification de la Squadra Azzurra lors du dernier match de la poule (0-0).
Mais, le héros de la finale contre la République Tchèque reste Olivier Bierhoff. Berti Vogts a appelé l’attaquant de l’Udinese en février 1996. Remplaçant pendant la compétition, Bierhoff fait basculer la finale avec un doublé dont le but en or lors de la prolongation. Berti Vogts peut se féliciter de son choix. Néanmoins, le renouvellement de génération n’a pas été opéré et la Mannschaft jouera deux tristes phases finales lors de la Coupe du Monde 1998 et l’Euro 2000…avec notamment le retour de Lothar Mathhaus en sélection.
L’équipe de France : une 1/2 finale pour préparer le mondial 98
L’élimination tragique de l’Équipe de France lors des qualifications de la Coupe du Monde 94 est difficile à digérer. Début 1994, Aimé Jacquet arrive à la tête des Bleus. L’objectif du sélectionneur est d’être compétitif pour la Coupe du Monde 1998 à domicile comme lors de l’Euro 84. Le début des qualifications est poussif avec trois matches nuls 0-0 contre la Slovaquie, Roumanie et Pologne. Aimé Jacquet s’appuie dans un premier temps sur la belle génération nantaise (Loko, Pedros, Ouedec et Karembeu) avec Eric Cantona en capitaine. L’ancien entraineur girondin lance également le jeune milieu offensif bordelais Zinedine Zidane, auteur d’un doublé en amical contre la République Tchèque (2-2) en août 1994.
Les Bleus restent invaincus lors des éliminatoires (cinq victoires et cinq matches nuls) et terminent deuxième derrière la Roumanie. La France se qualifie directement pour la phase finale en évitant le match de barrage. Le match en Roumanie (3-1) est le match fondateur de cette équipe. Aimé Jacquet a pris des décisions fortes en ne sélectionnant plus les deux stars « anglaises » Eric Cantona et David Ginola. Le sélectionneur mise avant tout sur la solidité défensive de son équipe.
Lors de la phase finale, les latéraux Bixente Lizarazu et Lilian Thuram gagnent leur place aux dépens d’Eric Di Meco et de Jocelyn Angloma. La future défense championne du Monde 1998 se dessine avec l’axe Laurent Blanc – Marcel Desailly. Au niveau offensif, Aimé Jacquet compte sur la créativité de son meneur de jeu Zinedine Zidane. Mais, le Bordelais, diminué par une longue saison et par un accident de voiture, est fatigué et ne peut faire la différence. Le quart de finale contre les Pays Bas et la demi-finale perdue contre la République Tchèque résument bien la solidité défensive et les difficultés offensives des Bleus. Aimé Jacquet poursuivra dans cette voie pour offrir à la France sa première Coupe du Monde en 1998 avec un Zinedine Zidane décisif en finale contre le Brésil (3-0).
2 Comments
Michael 67
Les allemands ont toujours été forts et le sont encore. J’ai adoré cette équipe en 2014 au Brésil, j’espère qu’ils nous proposeront encore du beau jeu pour cet Euro. Une finale France-Allemagne serait magnifique!!!
olivier
je me souvient qu’en poule l’Allemagne avait souffert contre l’Italie , l’Italie méritait de gagner !