Pour leur avant-dernier match de préparation à l’Euro 2016, les Bleus affrontaient le Cameroun à Nantes. Si les hommes de Didier Deschamps se sont imposés (retrouvez la liste des 23 de l’équipe de France), la performance de l’équipe a sans doute laissé les observateurs sur leur faim. Soit, les Français ont montré quelques étincelles de pur génie, mais l’ensemble de la partie a été plutôt pénible à regarder. Sont en cause un milieu emprunté et peu créatif, des problèmes de placement et une défense aux fraises.
Seuls deux joueurs se sont distingués : Kingsley Coman et Dimitri Payet. Le premier a souvent fait la différence en un contre un et a apporté le brin de folie qu’il manquait à l’équipe. Quant au second, il s’est démené et a apporté des solutions. Au niveau des déceptions, on pourra nommer Rami, l’invité de dernière minute coupable sur les deux buts.
France 3 – 2 Cameroun
Stade de la Beaujoire, Nantes (37000 spectateurs)
Arbitre : Simon Lee Evans
Matuidi (20’), Giroud (41’), Payet (90’)
Aboubakar (22’), Choupo Moting (88’)
France-Cameroun : résumé de ce match amical de l’Euro 2016
Les Bleus ont eu du mal à se renter dans le match. Il sont bien failli concéder l’ouverture du score à la treizième minute lorsque Toko Ekambi a allumé une mèche dans le paquet, mais Lloris a détourné le ballon en corner. À la vingtième, alors que les Français avaient du mal à s’approcher des cages adverses, une inspiration de Coman a permis aux Bleus de prendre les commandes du match. L’ailier du Bayern est allé provoquer son vis-à-vis et a réussi à le déborder. Le long de la ligne de corner, il a adressé le ballon à Matuidi, lequel a repris le ballon du gauche dans le style peu académique qu’on lui connaît.
Dans la minute qui a suivi, un débordement de Nyom a profité à Aboubakar libre de tout marquage. Le joueur de Porto s’est très facilement défait du marquage de Rami pour aller placer un plat du pied qui a trompé Lloris. Tout était à refaire. À quelques minutes de la mi-temps, un service génial de Pogba dans la course de Giroud a permis au Gunner de donner l’avantage aux Bleus à la pause. Pas immérité, mais tout de même assez bien payé.
En deuxième période, le match est tombé dans un faux rythme à cause des nombreux changements. Les Bleus ont montré de l’empâtement. Leur jeu prévisible n’a pas surpris les Camerounais qui se sont enhardis. À dix minutes de la fin, les Lions ont égalisé sur une séquence franchement drôle. D’un coup de rein, Djetei laisse Rami sur place. Il va provoquer Koscielny qui, malgré un pied haut, s’emmêle les pinceaux et glisse. Le Camerounais sert idéalement Choupo Moting qui ne laisse aucune chance à Lloris.
Après l’égalisation, La Beaujoire ne savait plus à quel saint se vouer. Un nul n’aurait pas été totalement illogique, mais aurait mis les Bleus dans une situation psychologique délicate. A la dernière minute du temps réglementaire, un coup franc de Payet va tout changer. Le joueur de West Ham, excentré sur le côté droit à une vingtaine de mètres, place une frappe somptueuse qui trompe Ondoa et qui se loge pile dans la lucarne. Un pur bijou pour un renégat qui était blacklisté jusqu’à l’année dernière.
Bref, l’honneur est sauf, l’équipe est encore capable de produire par séquence un football à l’espagnole du meilleur effet. Par contre, la défense a sérieusement pris l’eau. Didier Deschamps a encore du travail, mais la victoire a tout de même permis d’en savoir plus sur l’état des joueurs, à quelques jours du match d’ouverture France-Roumanie.
Les enseignements du match France-Cameroun
La victoire s’est dessinée sur quelques coups de génie du milieu de terrain. Le reste du temps, toutefois, le jeu a été laborieux et empesé. Voici les leçons à tirer du match.
Pogba ne connaît visiblement pas son poste en équipe de France
Un bon Pogba, c’est l’assurance de gagner. À la Juve, il est excellent, mais en équipe de France c’est une autre paire de manche. Son talent est indéniable, mais Deschamps a passé toute la première mi-temps à le replacer. Résultat : Giroud n’a touché que très peu de ballon. Son poste nécessite de faire l’aller-retour entre l’avant-centre et la sentinelle. Matuidi l’a compris, mais Pogba, pas encore. C’est une question de réglage.
La défense est en chantier… et le promoteur a mis la clé sous la porte
Rami l’a reconnu lui même, sa performance était loin d’être la meilleure de sa carrière. Doux euphémisme : il est directement fautif sur les deux buts camerounais. Mais de quelles solutions dispose Deschamps ? Umtiti est trop jeune et trop expérimenté pour tenir le poste à plein temps. Quant à Mangala, il n’a même pas fait une demi-saison avec Manchester City alors que le Bastiais a remporté l’Europa League. Il va falloir prendre son mal en patience et espérer que la paire Koscielny-Rami trouve vite ses automatismes parce que Didier Deschamps n’a pour l’instant rien de mieux à proposer.
Lassana Diarra ou N’Golo Kanté en sentinelle ?
La question se pose. Diarra est connu pour son énorme abattage défensif, mais, dès qu’il s’agit d’attaquer, le Marseillais est un peu en retrait. Dès que Kanté est rentré, le jeu a été beaucoup plus fluide en attaque sans que les phases défensives en soient impactées. Kanté apporte ce que Verratti apporte à Paris : une vision du jeu, une insouciance et une maîtrise du tempo. Diarra a l’expérience, mais Kanté a une palette de jeu plus étendue. Le débat est lancé.
Les jambes de Coman, un problème de plus pour Deschamps
Si Griezmann et Payet semblent avoir une longueur d’avance sur Coman et Martial, la performance du Munichois a égayé le stade de la Beaujoire. C’est lui qui a créé l’ouverture pour Matuidi sur le premier but français. Très à l’aise techniquement et redoutable en un contre un, il pourrait griller la politesse à Martial qui, malgré ses qualités, a un registre de jeu basé sur la profondeur. Malgré tout, Martial a plus d’assurance lorsqu’il s’agit de conclure. Là aussi, il y a matière à discuter. Mais comme dirait l’autre, ce sont des problèmes de riches.