Après avoir frôlé l’élimination à plusieurs reprises, les Bleus parviennent en finale de l’Euro 2000 contre l’Italie à Rotterdam. Aimé Jacquet, qui avait mené les Bleus à la victoire lors de la coupe du Monde 98, a pris sa retraite. Il a été remplacé par Roger Lemerre mais la France marche sur l’eau depuis son titre. Les Bleus rêvent désormais de s’installer au sommet de la hiérarchie européenne, comme l’avaient fait leur aînés à l’Euro 1984.
L’équipe a la même ossature qu’en 1998. La colonne vertébrale de l’équipe est composée de Laurent Blanc et Marcel Dessailly en défense centrale, Deschamps, Zidane et Djorkaeff au milieu. C’est une équipe très rodée, habituée à gagner et dirigée par un meneur de jeu d’exception, Zizou.
L’Italie et la France se sont rencontrées de nombreuses fois. Mais dans la tête des Azzuri, cette finale a un goût particulier. Personne, de l’autre côté des Alpes, n’a oublié leur élimination en quart de finale de la coupe du Monde 98 (0-0 puis 4 t.a.b à 3) au stade de France. Pour les Italiens, l’heure de la revanche a sonné.
Fiche technique de France-Italie, finale de l’Euro 2000
Finale de l’Euro 2000 : la France atteint le sommet de son art
À cause d’une défaite lors du dernier match de poule contre les Hollandais (2-3), les Français ont terminé à la deuxième place de leur groupe D. Les Italiens, avec 3 victoires, ont fini en tête du groupe B. En demi-finale, la France a éliminé le Portugal grâce à un but en or de Zidane. La Squadra Azzura a battu les Pays-Bas aux pénaltys (0-0 puis 3 t.a.b à 1). Elle court après un titre européen depuis l’Euro 1968.
L’émergence d’un jeu à l’italienne
Dino Zoff, en fin roublard, a parfaitement analysé le jeu des Bleus. Il abandonne le football offensif et aligne une équipe qui pour but de faire déjouer les Français. Il met en place une défense à 3 avec Cannavaro, Nesta et Iuliano. Les deux latéraux, Pessotto et Maldini, ont pour mission de boucher les côtés et d’apporter le surnombre sur les phases offensives.
La première mi-temps est très tactique. Les Français, qui ont compris que l’axe du terrain était bouché, tentent de forcer le côté gauche. Grâce à un gros pressing, les Bleus ont prennent l’ascendant sur les Italiens. Ces derniers sont contraints de jouer long vers l’avant. L’arbitre siffle la mi-temps et les deux équipes rentrent au vestiaire sur un score nul et vierge.
L’Italie apprend à reboucher le champagne
Lemerre tente d’apporter plus de vitesse au jeu des Bleus et sort Dugarry pour Wiltord. Rien n’y fait. En fin de match, Trézeguet remplace Djorkaeff. La France joue désormais à trois attaquants. Au bout du temps additionnel, le match semble plié pour les hommes de Roger Lemerre. Les Italiens ont déjà sabré le champagne et chambrent ouvertement leur adversaire mais une déviation de la poitrine de Trézéguet vers Wiltord va changer le cours du match. Wiltord contrôle, laisse rebondir le ballon, prend son temps puis arme une frappe sanglante qui échappe à Toldo. Les Bleus sont revenus dans le match.
La prolongation est tendue. Les joueurs de Roger Lemerre savent qu’un coup est possible. La délivrance tarde, mais finit par arriver. Sur un débordement de Pirès, qui avait profité d’un mauvais contrôle d’Albertini, Trézéguet récupère aux onze mètres. Il met son corps en bascule et frappe sous la barre de Toldo. Trezeguet exulte, enlève son maillot et court vers le banc. Après un match au cordeau où tout semblait perdu, les Bleus sont revenus de l’enfer pour coiffer au poteau des Italiens trop présomptueux. La Squadra Azzura est au fond du trou. Les joueurs sont hagards et Dino Zoff a le regard vide. Sans le savoir, les Français sont au sommet de leur art.
L’heure du déclin a sonné pour les Bleus après cette victoire
Cette victoire marque l’apogée du groupe France sur la scène internationale. Deschamps et Blanc prennent dans la foulée leur retraite internationale, ce qui va fragiliser l’édifice mis en place par Aimé Jacquet. Lemerre refuse d’apporter de la concurrence et du sang neuf au sein d’un groupe qui se croit invincible. Le réveil sera brutal. Aveuglés par quelques matchs amicaux de bonne facture, les Bleus se font lamentablement sortir au premier tour de la coupe du Monde 2002. Ils ne retrouveront jamais leur niveau.
Les Italiens rentrent au pays la tête basse. Dino Zoff est ouvertement critiqué par Silvio Berlusconi et démissionne quelques semaines plus tard. Trappatoni prendra en charge l’équipe, mais c’est son successeur, Marcelo Lippi, qui mènera la Squadra Azzura vers les sommets. En Allemagne, en finale de la coupe du Monde 2006, L’Italie prend enfin sa revanche sur la France (1-1 puis 5 t.a.b à 3). Deux faits de jeu symbolisant ce match resteront à jamais gravés dans la mémoire collective française : le coup de tête de Zidane sur Materazzi, sonnant ainsi le crépuscule de sa carrière, et le pénalty raté de Trézéguet, qui était pourtant l’un des héros de Rotterdam.
Seize ans après, la France saura-t-elle se montrer digne de ses aînés lors de l’Euro 2016 avec Didier Deschamps à leur tête?
Voici un résumé de ce match d’anthologie où les Français ont montré de l’abnégation et un remarquable sang froid :