Le Championnat d’Europe 1968 est historique pour différentes raisons. Lors de cette troisième édition de la compétition, le système de poules de qualification est instauré pour le première fois (c’est encore le cas aujourd’hui, découvrez sur cette page le règlement de l’Euro 2016). L’ensemble des grandes nations est enfin présent avec la première participation de la République Fédérale Allemande.
D’autre part, le match de qualification entre l’Écosse et l’Angleterre à Hampden Park est toujours le record d’affluence du Championnat d’Europe avec 130.711 spectateurs. Enfin, lors du tournoi final en Italie, la demi-finale entre les Italiens et les Soviétiques se décide à pile ou face et la finale entre la Squadra Azzurra et la Yougoslavie est rejouée suite au score de parité lors de la première confrontation.
Euro 1968 : Le tableau final avec la victoire italienne
Après l’Espagne lors de l’Euro 64, l’Italie profite de jouer à domicile le tournoi final pour inscrire son nom au palmarès. Ainsi, en trois éditions, seule la France n’aura pas réussi à vaincre à la maison lors de l’Euro 60.
A Rome (stade Olimpico), le 8 juin 1968
Italie : Domenghini (80e)Yougoslavie : Dzajic (39e)
Spectateurs : 85 000
A Rome (stade Olimpico), le 10 juin 1968
Italie : Riva (12e) Anastasi (31e)Spectateurs : 55 000
Euro 1968 : L’Italie championne d’Europe dans la difficulté
Avec 31 participants, l’UEFA décide pour cette édition de Championnat d’Europe de mettre en place un système de poules pour les qualifications. Les premiers des huit groupes sont qualifiés pour les quart de finale.
La RFA et le Portugal grands perdants des éliminatoires de l’Euro 68
Le système de poules limite les surprises. Néanmoins, des grandes nations du football ne voient pas les quarts de finale. Pour leur première participation dans l’épreuve, les Allemands de l’Ouest, finalistes de la Coupe du Monde 1966, sont devancés par les Yougoslaves. Un triste match nul 0-0 en Albanie est fatal aux Allemands. De son coté, le Portugal, révélation de la Coupe du Monde 66 après avoir éliminé le Brésil de Pelé, est sorti par la Bulgarie dans son groupe de qualification. Une désillusion pour les coéquipiers du grand Eusebio.
Un autre groupe de qualification retient l’attention, il s’agit du groupe 8 qui est un véritable championnat du Royaume-Uni (Angleterre, Écosse, Pays de Galles et Irlande du Nord). Vaincus à Wembley par l’Écosse (3-2), les Champions du Monde anglais doivent leur qualification à leur partage des points au match retour en Écosse et surtout à la défaite surprise des Écossais en Irlande du Nord (0-1). Les Nord-Irlandais terminent derniers malgré la présence épisodique (trois rencontres) du ballon d’or 1968, le légendaire George Best.
Le choc des quarts de finale oppose le tenant du titre espagnol au champion du monde anglais. L’équipe de Sir Alf Ramsey sort victorieuse de ce duel en emportant au finish les deux rencontres (1-0, 2-1). De son coté, l’URSS renverse la situation au match retour au stade Luzhniki (3-0) après avoir perdu 2-0 au match aller chez les Hongrois de Florian Albert, ballon d’or 1967.
Les autres qualifiés sont l’Italie, vainqueur dans la douleur de la Bulgarie (2-3, 2-0) et la Yougoslavie qui a écarté sans soucis la France (1-1, 5-1). L’Italie est désignée pays hôte pour accueillir le tournoi final de cet Euro 68.
L’Italie championne d’Europe à la pièce et dans une finale rejouée
Les rencontres se déroulent du 5 juin au 10 juin 1968 au Stade Olimpico (Rome), au Stade San Paolo (Naples) et au Stade Artemio Franchi (Florence). Le tournoi final s’annonce relevé avec la présence du spécialiste de la compétition, l’URSS (vainqueur en 1960 et finaliste en 1964), de la Yougoslavie, finaliste en 1960, de l’Angleterre, championne du monde en titre, et du pays hôte, l’Italie.
La première demi-finale oppose les Italiens et les Soviétiques. Le match devint historique, non pas pour la qualité du match, mais pour son issue. Au bout de 120 longues minutes, les deux équipes ne réussissent pas à se départager (0-0). L’épreuve des tirs aux buts n’existant pas, la décision se joue à pile ou face. Le tirage au sort se déroule dans les vestiaires. Le public italien connait le verdict lorsque le capitaine de la Squadra Azzurra, Giacinto Facchetti, revient victorieux sur le terrain napolitain.
Dans l’autre demi-finale, les Yougoslaves mettent fin au rêve de doublé (Coupe du Monde et Championnat d’Europe) de la sélection anglaise. Le joueur de l’Étoile Rouge de Belgrade, Dragan Dzajic, est le bourreau des coéquipiers de Bobby Moore en toute fin de match. Il est à noter que le milieu de terrain, Alan Mullery, devient le premier joueur anglais à être expulsé de l’histoire.
En finale, les Yougoslaves imposent leur rythme aux Italiens et ouvrent logiquement le score par Dragan Dzajic avant la pause. Le portier transalpin, Dino Zoff, réalise des exploits pour les empêcher de faire le break. La sélection de Ferruccio Valcareggi est privé de son stratège Giovanni Rivera, blessé lors de la demi-finale contre l’URSS. Finalement, à dix minutes de la fin du temps réglementaire, Angelo Domenghini sauve la Squadra Azzurra sur un coup franc. Pas de tirs aux buts ou lancer de pièce pour départager les deux équipes. Une deuxième confrontation est organisée deux jours plus tard.
Dans cette seconde finale, la sélection italienne s’impose physiquement. Le sélectionneur italien procède à quatre changements par rapport à la première finale contre un seul côté yougoslave. La titularisation de l’attaquant Luigi Riva est gagnante. Le joueur de Cagliari ouvre le score dès le début du match et lance son équipe vers son premier titre européen. Pietro Anastasi marque le but du break à la demi heure de jeu. Les Yougoslaves perdent leur deuxième finale après celle de l’Euro 60 et peuvent regretter leur inefficacité lors du premier match de cette finale.
Le vainqueur : l’Italie pour oublier la Coupe du Monde 66
Dans les années 60, les clubs italiens réussissent en Europe avec notamment un triplé en Coupe des Champions (Milan AC en 1963 et l’Inter Milan en 1964 et 1965). Néanmoins, la Squadra Azzurra ne surfe pas sur la vague. La Coupe du Monde 1966 en Angleterre avec une élimination au premier tour suite à une défaite historique contre la Corée du Nord (0-1) est une catastrophe nationale. A leur retour en Italie, les joueurs sont accueillis par des lancers de tomates pourries.
L’organisation de l’Euro 68 à domicile est donc l’occasion pour la sélection italienne de redorer son blason. Le sélectionneur Ferruccio Valcareggi dispose de solides arguments offensifs avec le Milanais Giovanni Rivera, l’Interiste Alessandro Mazzola et le joueur de Cagliari Luigi Riva. Mais, l’entente entre les deux joueurs des clubs milanais s’avère difficile et un casse-tête pour le sélectionneur. Finalement, la Squadra Azzurra remportera son unique Euro sur un but de Luigi Riva et Giovanni Rivera, futur ballon d’or 1969, suivra le triomphe des tribunes après sa blessure en demi-finale contre l’URSS.
Mais, l’Italie peut surtout remercier son gardien de but Dino Zoff. Le portier napolitain s’est imposé dans les cages italiennes à partir du quart de finale contre la Bulgarie. Sa magnifique prestation lors du premier match de la finale a sauvé son équipe.
Cette génération dorée sera finaliste de la Coupe du Monde 1970 au Mexique contre les génies brésiliens (1-4). Malgré cette belle performance, Ferruccio Valcareggi n’arrivera toujours pas à faire cohabiter les deux frères ennemis, Rivera et Mazzola, au grand dam des tifosis.
La France : Une belle déculottée yougoslave en quart de finale
Après une décevante Coupe du Monde 1966 en Angleterre (dernière de son groupe), l’Équipe de France compte sur l’Euro 68 pour se relancer. Les Bleus tombent dans un groupe abordable avec la Belgique, la Pologne et le Luxembourg. L’Équipe de France débute honorablement la compétition avec deux victoires et une défaite chez le voisin belge.
Louis Duguaugez à la tête de la sélection française démarre sur les chapeaux de roue avec une victoire probante et importante en Pologne (4-1). Ce match est la première sélection de Henri Michel (58 sélections). Finalement, grâce à un but en fin de match de Robert Herbin contre la Belgique (1-1), les Bleus arrachent la qualification dans ce groupe serré.
En quart de finale, les Bleus retrouvent les Yougoslaves, qu’ils avaient éliminés lors des qualifications de la Coupe du Monde 1966. Les joueurs de Rajko Mitic ont réussi la performance de sortir l’Allemagne de l’Ouest en poule éliminatoire. Le match aller se déroule au Stade Vélodrome à Marseille en raison de la rénovation du Parc des Princes. Les Français accrochent un match nul (1-1) avec un but de Fleury Di Nallo. Le retour à Belgrade sera un calvaire. Débordés dès l’entame du match, les coéquipiers de Bernard Bosquier sont déjà menés 3-0 au quart d’heure de jeu. Le futur Bastiais, Dragan Dzajic, et le futur Niçois, Vahidin Musemic, se régalent dans l’arrière garde française. Le score final est sans appel (5-1).
L’Équipe de France s’apprête à vivre une période de vaches maigres avec de nombreuses désillusions dans les éliminatoires de la Coupe du Monde et du Championnat d’Europe. Espérons que la sélection de Didier Deschamps fera mieux que ses aînés lors des matchs de l’Euro 2016 qui se déroulera en France (détails des rencontres).