Après l’Euro 1960 et l’Euro 1984, la France organise son troisième Championnat d’Europe des nations. Un Euro new-look avec une phase finale à 24 nations contre 16 lors des éditions précédentes. Cet élargissement du nombre de participants à la phase finale est un souhait de l’ancien Président de l’UEFA, Michel Platini.
Trois nations ont les faveurs des pronostics : l’Espagne, victorieuse de l’Euro 2008 et 2012, l’Allemagne, championne du Monde en titre au Brésil et la France, pays organisateur. De retour après 16 ans d’absence, la Belgique (2ème au classement FIFA) ambitionne de jouer les troubles-fêtes avec sa génération dorée (Hazard, De Bruyne…).
Euro 2016 : Le tableau final avec la victoire du Portugal
Dans ce tournoi final à 24 nations, la Portugal remporte son premier championnat d’Europe en battant la France (1-0 après prolongation) en finale à Saint-Denis. Les Portugais éliminent successivement la Croatie en huitième de finale, la Pologne en quart de finale et le Pays de Galles en demi-finale.
Équipes | Portugal – France |
Score final | 1-0 (ap) |
Date | 10 juillet 2016 |
Stade | Stade de France, Saint Denis (75.868 spectateurs) |
Arbitre | Mark Clattenburg |
Buts | Portugal : Eder (109e) |
Euro 2016 : Le Portugal prive la France d’un troisième titre
Avec 53 nations participantes, l’UEFA conserve un système de poules pour les éliminatoires. Les deux premiers des neuf groupes ainsi que le meilleur troisième sont directement qualifiés pour la phase finale en France. Les autres troisièmes des groupes se disputent les quatre dernières places lors de barrages. La France est positionnée dans un groupe et dispute des matches amicaux contre les équipes de ce groupe durant cette phase de qualification.
Les Pays-Bas éliminés dès le stade des qualifications
Avec le nouveau format de la phase finale, les grandes nations semblent assurées de participer à la compétition en France et des nombreuses nations espèrent en profiter pour rejoindre le gotha européen. Gibraltar prend part à ses premières qualifications d’une compétition internationale. Comme prévu, cette campagne est prolifique… pour les adversaires de Gibraltar (2 buts marqués pour 56 buts encaissés).
Les favoris assurent leur qualification en s’adjugeant sans trop de difficultés la première place de leur groupe : la Belgique (groupe B), l’Espagne (groupe C), l’Allemagne (groupe D), l’Angleterre (groupe E), l’Italie (groupe H) et le Portugal (Groupe I). De leur coté, les Pays-Bas, troisièmes de la Coupe du Monde 2014, vivent un cauchemar dans ces qualifications. Incapables de battre leurs rivaux Tchèques, Islandais et Turcs (un match nul et cinq défaites), les hommes de Danny Blind finissent quatrième de leur groupe et laissent leurs trois adversaires se qualifier directement. Les Pays Bas n’avaient plus raté la phase finale du Championnat d’Europe des Nations depuis l’Euro 1984.
Les Hollandais, vainqueurs de l’Euro 1988, ne sont pas les seuls anciens champions d’Europe à échouer dans la quête à la qualification. Les Danois, vainqueurs héroïques de l’Euro 1992, finissent troisième du groupe I derrière le Portugal et la surprenante Albanie. En barrage, les coéquipiers de Nicklas Bendtner sont logiquement éliminés par leurs voisins suédois emmenés par Zlatan Ibrahimovic (1-2, 2-2). Les Grecs, champions d’Europe 2004, terminent eux lamentablement derniers du groupe F avec notamment deux défaites historiques contres les Iles Féroé.
Les autres qualifiés directs sont le Pays de Galles (groupe B), la Slovaquie (groupe C), la Pologne (Groupe D), la Suisse (Groupe E), l’Irlande du Nord et la Roumanie (Groupe F), l’Autriche et la Russie (Groupe G). Outre la Suède, les qualifiés après les barrages sont l’Ukraine, la Hongrie et l’Irlande après avoir écarté respectivement la Slovénie, la Norvège et la Bosnie-Herzégovine.
La phase finale de l’Euro en France accueille donc cinq nouvelles nations à ce niveau de la compétition avec l’Irlande du Nord, le Pays de Galles, la Slovaquie, l’Albanie et l’Islande.
Le Portugal crée la surprise en finale contre la France
Avec 24 nations et l’instauration de huitièmes de finale, le premier tour de cette phase finale new-look perd en intensité. Deux équipes sur trois se qualifient pour la suite de la compétition. Néanmoins, le début de compétition n’est pas épargné par les surprises. Dans le groupe E, l’Italie, annoncée comme la pire équipe de l’histoire de la Squadra Azzurra, donne une leçon dès le premier match aux ambitieux Belges (2-0). Dans ce même groupe, la Suède de Zlatan Ibrahimovic ne réalise pas un parcours légendaire avec un seul match nul contre les Irlandais (1-1). Ces mêmes Irlandais se qualifient en battant l’Italie déjà qualifiée lors du dernier match (1-0).
Dans le groupe D, les Espagnols laissent la première place en perdant lors de la dernière journée contre de séduisants Croates (1-2). De même, les Anglais, malgré un succès contre les Gallois (2-1), sont devancés par les coéquipiers de Gareth Bale. Dans le groupe F, la Hongrie et l’Islande créent la surprise en terminant aux deux premières places en devançant le Portugal et l’Autriche. Ce tournoi est une grande déception pour les coéquipiers de David Alaba, brillants en qualification (9 victoires en 10 matches). De leur coté, les Portugais de Cristiano Ronaldo se qualifient in-extremis dans les quatre meilleurs troisièmes en arrachant un troisième match nul contre la Hongrie (3-3).
La France et l’Allemagne assurent la première place de leur groupe tout en étant accrochées par leur dauphin, la Suisse et la Pologne. Les derniers qualifiés sont la Slovaquie et l’Irlande du Nord. Une belle performance pour ces novices de l’Euro. Il est à noter le parcours désastreux de la Russie et de ses violents supporters. Les Russes ne manquent pas de travail d’ici leur Coupe du Monde 2018.
L’affiche des huitièmes de finale est l’affrontement entre les Espagnols de Vicentre Del Bosque et les Italiens d’Antonio Conte. Le sélectionneur transalpin, fin tacticien, donne une leçon à son homologue ibérique. La Squadra Azzurra l’emporte (2-0) avec des buts de Giorgio Chiellini et de Grazziano Pelle. Dans un match soporifique, les Croates de Luka Modric et Ivan Rakitic ne confirment pas leurs performance du premier tour en s’inclinant au bout de la prolongation contre le Portugal (0-1).
Mais la grande surprise vient de l’Islande. La sélection de Lars Lagerback éliminent de pathétiques anglais (2-1). Les coéquipiers de Wayne Rooney se montrent incapables de contourner le bloc islandais. Dans les autres matches, la logique est respectée avec les qualifications de la France, l’Allemagne, la Pologne, le Pays de Galles et la Belgique contre respectivement l’Irlande (2-1), la Slovaquie (3-0), la Suisse (1-1, tab), l’Irlande du Nord (1-0) et la Hongrie (4-0).
Après avoir dominé le double champion d’Europe en titre, les Italiens affrontent les champions du Monde allemands en quart de finale. Le match est de haut niveau (1-1) et se termine par une anthologique séance de tirs aux buts. La Mannschaft sort victorieuse de ce duel fratricide et retrouve en demi-finale la France, vainqueur sans problème de la révélation islandaise (5-2). De leur coté, les Portugais continuent leur laborieux parcours en dominant la Pologne de Robert Lewandowski aux tirs aux buts. La sélection de Fernando Santos évite la Belgique en demi-finale. En effet, les Diables Rouges sont battus logiquement par d’enthousiastes Gallois avec un grand Gareth Bale (3-1).
Malheureusement, l’absence du meilleur passeur de la compétition, Aaron Ramsey, est trop handicapante pour les Gallois en demi-finale contre le Portugal. Cristiano Ronaldo et Nani font parler leur expérience et envoient leur pays pour une seconde finale internationale après celle de l’Euro 2004. L’autre demi-finale est considérée comme une finale avant l’heure avec l’affrontement entre la France et l’Allemagne. Les Allemands monopolisent le ballon en première mi-temps et dominent outrageusement de fébriles français. En toute fin de première mi-temps, une main de Bastian Schweinsteiger est sifflée dans la surface. Antoine Griezmann transforme le pénalty. Cette ouverture du score libère les Bleus qui contrôlent la seconde mi-temps. L’attaquant de l’Atlético Madrid marque son sixième but de la compétition et anéantit les espoirs allemands (2-0).
Après avoir vaincu les redoutables allemands, les joueurs de Didier Deschamps sont les favoris de la finale contre les Portugais. La sortie sur blessure de Cristiano Ronaldo en début de match laisse présager une fin heureuse pour les Bleus. Mais, les coéquipiers de Hugo Lloris peinent à imposer leur jeu et butent sur le flamboyant Rui Patricio. Le remplaçant, André-Pierre Gignac, voit sa tentative toucher le poteau dans les derniers instants du temps réglementaire. Les Portugais sont plus à l’aise physiquement en prolongations et Eder, sorti du banc, trompe le portier français. Les Français ne peuvent renverser la situation et doivent s’incliner à domicile.
Le vainqueur : le Portugal de Cristiano Ronaldo enfin au sommet
Malgré la présence du triple ballon d’or, Cristiano Ronaldo, le Portugal n’apparaît pas comme un favori de la compétition. Le jeu déployé par la Seleçao est minimaliste et semble trop léger face aux cadors allemands et espagnols. L’équipe ne dispose pas d’un numéro 9 de haut niveau. Fernando Santos opte pour un système avec deux attaquants, Cristiano Ronaldo et Nani, qui ne sont pas des attaquants axiaux. Le premier tour confirme les difficultés portugaises. Les coéquipiers de Ronaldo sont incapables de battre l’Islande (1-1), l’Autriche (0-0) et la Hongrie (3-3). La Seleçao est sauvée par un doublé de sa star contre les Magyars et à une troisième place qualificative suite au passage à 24 nations de l’Euro.
En dépit d’un début de compétition peu emballant, les Portugais peuvent se réjouir de tomber dans une partie de tableau jouable. Ils évitent ainsi le gotha européen (Allemagne, Espagne, France, Italie et Angleterre). Néanmoins, ils affrontent l’équipe la plus rayonnante du premier tour, la Croatie. Au terme d’un match ennuyeux (seulement deux tirs cadrés), le remplaçant, Ricardo Quaresma, offre la qualification à son pays à trois minutes de la fin de la prolongation. En quart de finale contre la Pologne, le Portugal continue son parcours poussif en se qualifiant aux tirs aux buts (1-1, tab 5-3). Lors de cette rencontre, le sélectionneur titularise pour la première fois le jeune prodige, Renato Sanches (18 ans). Le futur joueur du Bayern Munich en profite pour marquer l’unique but de son équipe.
Après avoir écarté une équipe galloise diminuée en demi-finale (2-0), le Portugal retrouve sa bête noire, la France, en finale. Lors de l’Euro 1984, les Bleus les avaient battus au terme d’une demi-finale fantastique (3-2 ap). Rebelote au stade des demi-finales à l’Euro 2000 et à la Coupe du Monde 2006. Tout semble prédire une nouvelle désillusion pour la Seleçao avec une équipe moins performante sur le papier, un match au Stade de France et la blessure prématurée de Cristiano Ronaldo. Avec Rui Patricio très serein dans les cages, les Portugais ne cèdent pas face aux Français avant la délivrance en prolongation et ce but de l’attaquant Lillois Eder. L’équipe portugaise remporte donc ce championnat d’Europe avec une seule victoire dans le temps réglementaire (contre le Pays de Galles) en sept matches !
Ce titre est une consécration pour Cristiano Ronaldo, déjà vainqueur de la Ligue des Champion avec le Real Madrid en mai 2016. Un quatrième ballon d’or tend les bras au Madrilène. L’autre joueur clé est le coéquipier de Cristiano Ronaldo en club, Pepe. Le défenseur central s’est montré intraitable dans les matches à éliminations directes. Et lorsque André-Pierre Gignac arrive à le déstabiliser, le poteau sauve la Seleçao.
La France : Une fin cruelle pour la bande de Didier Dechamps
Cet Euro laisse des regrets à Didier Deschamps et ses hommes suite à la défaite en finale contre le Portugal diminué par l’absence de Cristiano Ronaldo. Jusque là, les Bleus avaient évité les écueils : absence de joueurs majeurs, polémique lancé notamment par Eric Cantona avant la compétition, match contre la bête noire allemande.
Privé de Karim Benzema (affaire extra-sportive), de Raphaël Varane et Lassana Diarra (blessés), le sélectionneur débute l’Euro sans certitudes sur son équipe. Le premier tour est poussif en dépit des éclairs de Dimitri Payet. Le tournant de la compétition est la mi-temps du huitième finale contre l’Irlande. Mené 1-0 par les Irlandais, l’Equipe de France passe d’un 4-3-3 à un 4-2-3-1. Ce système tactique donne de la liberté à Antoine Griezmann. Le joueur de l’Atlético a retrouvé ses jambes de feu après un timide début de compétition. Avec cette tactique et une belle entente Griezmann-Giroud, les Bleus renversent les Irlandais (2-1) et étrillent les Islandais (5-2).
En demi-finale, les Bleus réussissent l’exploit de battre les Allemands. L’Équipe de France n’avait plus battu la Mannschaft en compétition officielle depuis 1958. Les Français dépensent beaucoup d’énergie physique et nerveuse dans ce match haletant. Les Bleus apparaissent moins frais en finale et n’arrivent pas à emballer le match contre de solides Portugais. La défaite reste néanmoins cruelle en raison des belles occasions d’Antoine Griezmann, d’André-Pierre Gignac et de Moussa Sissoko.
Le joueur majeur des Bleus a été sans aucun doute Antoine Griezmann. Meilleur buteur de la compétition et élu meilleur joueur, Griezmann a mené la France vers la finale. L’autre star française, Paul Pogba, s’est montré plus inconstante et a semblé avoir des difficultés à trouver ses marques dans l’entrejeu tricolore. Il est à noter les bonnes performances en début d’Euro de Dimitri Payet avant de s’éclipser en demi-finale et en finale. Au contraire, Moussa Sissoko est monté en puissance en devenant indispensable en fin de compétition. L’ancien toulousain a été d’ailleurs le meilleur joueur français de la finale. Didier Deschamps peut s’appuyer sur cet Euro pour préparer sereinement les qualifications de la Coupe du Monde 2018.