En 1/4 de finale de l’Euro 2016, l’équipe de France a terrassé l’Islande dimanche soir au Stade de France sur le score de 5 buts à 2. Bien que tous les observateurs aient logiquement craints un match piège tout au long de la semaine de préparation, cette formation islandaise s’est révélée finalement plutôt modeste au cours de la rencontre et a permis aux Bleus de briller et d’exprimer pleinement leur potentiel offensif.
Avant d’affronter l’Allemagne en demi-finale au Stade Vélodrome pour une affiche de prestige (lisez notre prono dans cet article), Didier Deschamps et son staff devront naturellement tirer les enseignements de cette rencontre afin d’extraire la quintessence de cette liste de 23 joueurs et présenter jeudi soir la meilleure formation possible face à la Mannschaft.
Dans son ensemble, le bilan de ce match contre l’Islande recense à la fois d’importants motifs de satisfaction et des inquiétudes légitimes. Le secteur offensif est en pleine forme et exhorte donc les Bleus à aborder cette demi-finale avec confiance. Mais la défense pêche, et tout le monde connait la faculté des allemands à faire preuve de réalisme, surtout dans les rendez-vous majeurs.
C’est pourquoi nous vous proposons, en attendant jeudi, de consulter ce tops/flops de France-Islande dans lequel les tops se taillent évidemment la part du lion. Pour la partie consacrée aux flops elle n’a surtout pas vocation à donner des leçons à une séduisante équipe de France, mais plutôt de se faire une idée quant aux chances de qualification française face au champion du monde en titre.
Au top dimanche soir en 1/4 de finale : l’animation offensive
Au delà du score très prolifique de la rencontre qui permet aux Bleus de se hisser au sommet du classement de la meilleure attaque de l’Euro 2016, l’animation offensive dans son ensemble est à saluer. L’attaque française, bonifiée par un système tactique opportun en 4-2-3-1 qui donne les clés du jeu à Griezmann, a exploité à merveille les qualités des uns et des autres.
Ainsi, Giroud et Griezmann se sont faits briller mutuellement, Sissoko n’a cessé par ses courses et ses centres de déstabiliser la défense et Payet s’est également épanoui dans un rôle de puncheur à défaut d’être aux manettes de ce nouveau dispositif.
Des Bleus présents dés le début de la rencontre face à l’Islande
L’entame du match constitue à l’évidence l’un des points névralgiques de la rencontre. En effet, les Bleus avaient la mauvaise habitude depuis le début du tournoi de rentrer de façon timide, voir brouillonne dans leurs matchs. Ce ne fut pas le cas contre l’Islande. En dehors des toutes premières minutes, ils ont fait en sorte dès le premier 1/4 d’heure de remporter les duels. Didier Deschamps avait insisté sur ce point durant la préparation en demandant plus d’agressivité à ses joueurs en début de match, contrat rempli pour les Bleus.
Dès lors, tout est devenu plus facile, à l’image du 1er but de Giroud inscrit à la 13ème minute dans une position très inhabituelle pour lui à la suite d’une belle passe en profondeur de Matuidi. Tout au long de la 1ère période les Bleus nous ont bel et bien régalé et sont retournés au vestiaire avec un avantage de 4 buts que personne n’aurait pronostiqué au départ.
La belle entente entre Olivier Giroud et Antoine Griezmann
Avant le match, Antoine Griezmann avait publiquement suggéré à son entraîneur de le replacer en soutien d’Olivier Giroud. Avec le bon sens qui le caractérise, Didier Deschamps a donc accédé à la requête du joueur de l’Atletico, grand bien lui en a pris !
Ce choix a eu des conséquences dévastatrices dans la défense islandaise. En effet, Olivier Giroud impérial dans le domaine aérien maîtrise l’art de la remise. Antoine Griezmann qui lui tourne autour en permanence hérite alors de bons ballons qui lui permettent de mettre à profit ses capacités techniques , son adresse, son sens du jeu. Le troisième but tricolore l’illustre d’ailleurs très bien, d’un centre venu de Bacary Sagna, Giroud s’est imposé dans les airs et remise sur Griezmann qui décale Payet dans une très bonne position de frappe. Tout ça est limpide et lorsque les Bleus jouent de la sorte ça fait très mal !
Le 4ème but, somptueux au demeurant, inscrit par Antoine Griezmann, est également le fruit de cette entente parfaite. Au départ de l’action, Pogba effectue une passe de grande qualité dans son propre camp avant que Giroud ne dévie le ballon juste ce qu’il faut pour lancer Griezmann qui mystifie le portier islandais d’un ballon piqué formidablement bien touché.
Fort logiquement Antoine Griezmann et Olivier Giroud ont obtenu d’excellentes notes dans la presse sportive. Ce match leur a également donné l’occasion de soigner leurs statistiques puisque Antoine Griezmann devient le meilleur buteur de la compétition et Olivier Giroud avec un doublé inscrit ses 9ème et 10ème buts en 9 matchs avec les Bleus .
Paul Pogba de plus en plus convaincant durant cet Euro 2016
Après un début de rencontre hésitant peut être lié à son nouveau changement de poste, Paul Pogba a livré dimanche soir contre l’Islande sa prestation la plus aboutie depuis le début du tournoi. Utilisé dans un rôle aux tâches plus défensives auxquelles il ne rechigne d’ailleurs pas, le milieu de terrain de la Juve a surtout convaincu en prenant en charge la relance de l’équipe de France.
On lui reprochait un jeu trop ambitieux, risqué, il a joué simple et a éclairé le jeu de ses partenaires tout au long de la partie. En l’absence de N’golo Kante, Didier Deschamps a décidé de le positionner plus bas aux côtés de Blaise Matuidi. Ceci a eu pour conséquence de faire de lui le principal relanceur des Bleus et cela le met en valeur. Ses qualités de passes longues sont encore plus utiles dans ce poste hybride de sentinelle « moderne » comme le montre son ouverture sur le but de Griezmannn, qu’il à d’ailleurs trouvé plusieurs fois au cours de la rencontre.
Sa puissance est également un atout considérable avant d’affronter l’Allemagne. Sur son but, il a littéralement balayé la défense islandaise pour venir smasher le ballon d’une tête rageuse sur un corner de Griezmann. Petit bémol toutefois, attention a bien verrouiller son côté gauche si le même système venait à être reconduit face à la Mannschaft (voir la compo probable des Bleus en cliquant ici).
Dimitri Payet précieux dans un rôle pourtant plus discret
Forcément avec la loi des vases communicants, plus l’influence d’Antoine Griezmann devient forte, plus celle de Dimitri Payet diminue. Qu’à cela ne tienne, s’il n’est plus le héros du match d’ouverture qui fait gagner les Bleus à lui tout seul, il s’est adapté à cette nouvelle place au sein du dispositif avec une grandeur certaine.
De plus, il est intenable dans ce rôle de puncheur. Très mobile sur le front de l’attaque tricolore, il donne en permanence l’embarras du choix à ses partenaires et sait aussi distribuer de bons ballons lorsque les circonstances s’y prêtent. Avec un nouveau but du mauvais pied sur un bon décalage de Griezmann et un coup franc à l’origine du second but de Giroud, ses statistiques sont encore très bonnes à l’issue de la rencontre.
Certes, il a participé au relâchement général au retour des vestiaires, mais cela n’est pas bien méchant. A l’évidence Dimitri Payet reste un atout d’importance pour qualifier l’équipe de France pour la finale de l’Euro 2016.
Des incertitudes demeurent : Flops de France-Islande
Même s’il ne faut pas bouder notre plaisir à voir jouer l’Equipe de France de cette façon, tout n’a pas été parfait au cours de ce 1/4 de finale face à l’Islande. La faute aux circonstances, mais pas uniquement. Avec 4 buts d’avance il est effectivement difficile d’échapper à ce phénomène de relâchement coupable, mais les Bleus sont aussi intrinsèquement friables sur le plan défensif.
Attention aux côtés en phase défensive
Il serait injuste de pointer un seul homme pour expliquer les quelques largesses défensives concédées aux islandais. En effet le 4-2-3-1 mis en place par Didier Deschamps fait apparaître également quelques problèmes. Sans réel spécialiste du poste de sentinelle, il incombe à Paul Pogba et Blaise Matuidi des charges défensives auxquelles ils ne sont guère habitués bien qu’ils se soient montrés volontaires.
Au delà de ces problèmes inhérent au système de jeu, il faudrait dans le couloir gauche un arrière capable de livrer des prestations pleines, ce qui n’est malheureusement pas le cas de Patrice Evra. Non pas que son match soit immonde, au contraire il montré un engagement remarquable et insuffle très certainement à ses coéquipiers une bonne dose d’esprit de conquête mais il fini systématiquement par manquer de vigilance ou se faire prendre dans le dos ce qui explique en partie les 2 buts concédés aux islandais.
Contre l’Allemagne, Patrice Evra devra faire face aux montées percutantes de Kimmich, voila qui pourrait occasionner bien des frissons dans les travers du stade Vélodrome.
Un relâchement sans lequel le match eut été parfait
Au cours de la seconde période, après être revenus des vestiaires la qualification déjà en poche, les Bleus se sont relâchés et ont concédé 2 buts à l’Islande sans lesquels nous n’aurions tout simplement pas pu vous proposer de flop. Toutefois entre le remplacement de Laurent Koscielny par Mangala en vue de la demi-finale et les raisons psychologique liées au score important suffisent à expliquer cette baisse de régime. Hommage également aux Islandais qui malgré les 5 buts encaissés n’ont jamais baissé les bras et peuvent quitter cet Euro 2016 fiers de leur parcours.
Il est probablement stérile de mégoter. Certes les Bleus n’ont pas convaincus en seconde période, mais cela n’a aucune raison de se reproduire en 1/2 finale contre l’Allemagne
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