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France-Angleterre, Euro 2004 : Zidane fait renaître l’espoir dans le cœur de toute une nation

Lizarazu et Zidane délivrent les Bleus

Lors de l’Euro 2004, qui se dispute au Portugal, la France remet son titre continental en jeu. Après le traumatisme de l’élimination au premier tour du mondial en Corée sur Sud et au Japon, les Bleus se sont remis en selle à l’occasion des éliminatoires. Sortis invaincus de leur groupe, ils semblent avoir retrouvé leur esprit de conquête.

De nombreux cadres de l’équipe championne du monde ont pris leur retraite internationale. L’esprit de 1998, qui avait disparu lors de la coupe du Monde 2002, semble être revenu dans la sélection. Les Français ont fait une campagne de qualification en trompe l’oeil. Leur groupe était peu relevé avec Israël, la Slovénie, Chypre et Malte. Même si les hommes de Jacques Santini ont terminé à la première place du groupe 1 en gagnant 8 matchs sur 8, leur niveau réel est loin de celui de l’Euro 2000.

Au Portugal, lors de la première journée du groupe B de l’Euro 2004, la France affronte l’Angleterre. Pour leur retour sur la scène internationale, les Bleus ne doivent pas se rater. Mais rien ne va se passer comme prévu. La France se laisse marcher sur les pieds et le spectre de la coupe du Monde 2002 réapparaît. Zidane va alors se muer en sauveur de la nation et sortir les siens d’une situation dramatique.

France-Angleterre, 1ère journée du groupe B de l’Euro 2004

Équipes  France –  Angleterre
Score final 2-1
Date 13 juin 2004
Stade Estadio da Luz, Lisbonne (62.487 spectateurs)
Arbitre Markus Merk ()
Buts France : Zidane (90’+1, 90+3 s.p.) Angleterre : Lampard (38’)
Équipe de France (Entraineur : Jacques Santini) Fabien Barthez, Lilian Thuram, William Gallas, Mikaël Silvestre (remplacé par Willy Sagnol à la 79’), Bixente Lizarazu, Robert Pirès (remplacé par Sylvain Wiltord à la 76’), Patrick Viera, Claude Makélélé (remplacé par Olivier Dacourt à la 90’+4), Zinédine Zidane, Thierry Henry, David Trezeguet.
Équipe d’Angleterre (Entraineur : Sven-Göran Eriksson) David James, Gary Neville, Ledley King, Sol Campbell, Ashley Cole, David Beckham, Franck Lampard, Steven Gerrard, Paul Scholes (remplacé par Owen Hargreaves à la 76’), Wayne Rooney (remplacé par Emile Heskey à la 76’), Michael Owen (remplacé par Darius Vassel à la 69’)

Euro 2004, groupe B : Zinédine Zidane fait plier l’Angleterre 

Les Anglais ont pris la première place du groupe 7 des qualifications. Ils ont coiffé la Turquie au poteau pour un petit point. Les Three Lions n’ont pas perdu une seule fois (6 victoires et 2 matchs nuls). Menée par David Beckham, l’Angleterre croit en son destin. Pourtant, depuis l’Euro 1968 où elle a terminé à la troisième place, elle n’a passé qu’une seule fois les poules. C’était à l’Euro 96. Alors entraînés par Terry Venables et menés par Alan Shearer et Paul Gascoigne, les Anglais avaient atteint les demi-finales.

La France dans une période de transition

Depuis leur victoire à l’Euro 2000, de nouvelles têtes ont émergé dans l’effectif des Bleus comme Claude Makélélé ou Mikaël Silvestre. Deschamps et Blanc ont pris leur retraite et Santini tente de faire revivre la magie des Bleus d’Aimé Jacquet. Il aligne un 4-4-2 assez compact avec Henry et Trézéguet devant mais commet l’erreur de mettre Zidane sur le côté droit au lieu de l’aligner au cœur du jeu. Résultat : les Bleus, sans chef d’orchestre, n’arriveront jamais à imposer leur rythme et à forcer le verrou anglais sur les phases de jeu en mouvement.

L’Angleterre évolue dans la même configuration, mais Eriksson a les joueurs pour assumer ce schéma de jeu. Gerrard et Lampard sont d’excellents passeurs en plus d’être très bons à la récupération. Beckham et Scholes, infatigables sur leur côté, vont faire beaucoup de mal à la défense française. Le triangle Beckham-Rooney-Lampard va être l’une des clefs de la rencontre.

Dès le début de première période, les Bleus mettent le pied sur le ballon, mais ne se montrent pas pour autant dangereux. Malgré une occasion de Trézéguet, les milieux anglais bloquent parfaitement le jeu des Français. En fin de premier mi-temps, Beckham part dans le dos de Lizarazu et oblige le Basque à faire faute. Sur le coup-franc qui suit, le Golden Boy adresse un service parfait à Lampard qui smashe le ballon de la tête et scotche Barthez sur place. Les Bleus sont menés. Pire, il s’agit de premier but encaissé en 11 matchs.

Zidane rappelle au monde son statut de superstar

Lors du deuxième acte, les Bleus tentent d’imprimer du rythme à la rencontre, mais leur jeu trop téléguidé sera aisément contré par des Anglais qui jouent le statu quo. À un quart d’heure de la fin du match, coup de Trafalgar : Rooney part en contre et est stoppé illégalement par Mikaël Silvestre. Les Anglais obtiennent un pénalty. La France est sur le point de couler mais le destin leur sourit : Barthez détourne magistralement le pénalty de Beckham.

Lors du dernier quart d’heure, les deux entraîneurs apportent du sang neuf. Erikson tente de muscler son entrejeu alors que Santini, qui veut aller chercher le nul, fait entrer Sagnol et Wiltord. Nous sommes dans les arrêts de jeu du match. Haskey, à peine rentré en jeu, offre aux Bleus un coup franc aux vingt mètres. Zidane le frappe et trompe James sans difficulté.

Abattus, les Anglais vont véritablement s’effondrer. Ils abandonnent toute forme de discipline au grand dam de leur entraîneur : Gerrard, dangereusement pressé par Henry, tente une passe en retrait au gardien. L’attaquant français est le plus prompt sur le ballon mais il est mis au sol par David « Calamity » James. Résultat : pénalty. Zizou s’élance et marque. Les Bleus s’imposent grâce à deux coups de pied arrêtés, après avoir frôlé l’humiliation. La nation se remet alors à rêver.

Les Bleus stoppés à la sortie des phases de poule par la Grèce

Les Bleus vont terminer premiers du groupe, en ayant fait match nul contre la Croatie de Dado Prso (2-2) et battu la Suisse (3-0). En huitièmes, ils seront sortis sans gloire par la Grèce (0-1), future championne d’Europe. La France a payé les pots cassés d’une nouvelle génération de joueurs qui n’avait pas la carrure internationale. Sidney Govou, Benoît Pedretti, Olivier Dacourt, Steve Marlet, Jérôme Rothen ou Louis Saha étaient de bons joueurs, mais n’avaient pas les épaules pour assumer le statut d’une équipe avec un tel héritage.

De plus, le schéma du sélectionneur a fait couler beaucoup d’encre. Pourquoi, avec le meilleur meneur de jeu au monde, n’a-t-on pas bâti une équipe autour de lui comme l’avait fait Jacquet ? Jacques Santini quittera son poste et sera remplacé par Raymond Domenech. Malgré une place de finaliste en 2006 à la coupe du Monde, l’époque Domenech est considérée comme la période la plus noire de l’équipe de France. Le départ de Santini officialise une rupture entre l’équipe de France et le public.

Les Anglais vont aussi se faire éliminer en quart de finale, aux pénaltys contre le Portugal, qui se hissera en finale de la compétition. Eriksson, malgré une très bonne génération de joueurs à sa disposition, n’a jamais réussi à tirer le meilleur parti de son équipe. Il restera tout de même à la tête de la sélection jusqu’à la coupe du Monde 2006, où les Three Lions seront aussi éliminés en quarts de finale. A cette heure, les Anglais n’ont toujours pas réussi à bâtir une sélection qui affiche un jeu à la hauteur de ses ambitions.

La France, qui débute l’Euro 2016 face à la Roumanie, va-t-elle pouvoir se délivrer du poids du passé et écrire son histoire en lettres capitales ? Suivez les résultats des Bleus pendant la compétition sur cette page.

Revivez les moments forts de ce match historique et les deux buts de Zinédine Zidane (commentaires en anglais) :
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