L’Euro 2016, comme toutes les compétitions internationales, mettra les attaquants et les gestes techniques à l’honneur. Mais les portiers seront aussi très exposés médiatiquement car ils auront la lourde tâche de mettre fin aux festivals de dribbles et de détourner des frappes de bûcheron.
À ce poste, des monstres sacrés fouleront les pelouses des enceintes françaises : Hugo Lloris, Gigi Buffon ou Petr Cech. Ceux-là sont attendus et le monde du football les suit depuis des années. Mais chaque Euro réserve son lot de surprises, de joueurs « exotiques » et de dieux vivants. Coup de projecteur sur 3 des gardiens de but les plus attendus par les supporters.
Gabor Kiraly, le gardien sorti d’une autre époque à l’Euro 2016
Le portier hongrois, avec son pantalon de jogging gris et ses chaussettes baissées, incarne à lui seul les années 90, les années Lama, Dutruel et Jean-Claude Nadon. Le portier de 40 ans est revenu cette année en Hongrie, à Haladas le club de ses débuts, après avoir passé près de 18 ans à l’étranger. Depuis, il n’a pas manqué une seule minute en championnat. Habitué des clubs de moyen calibre (Fulham, West Ham, Crystal Palace, 1860 Munich), Kiraly jouit d’une popularité hors norme sur les bords du Danube.
Gabor Kiraly joue en jogging gris depuis 1996. A l’époque, son club lui en fournissait des noirs. Mais, à la veille d’un important match de championnat, impossible d’en trouver un propre. Il a donc enfilé le premier jogging qui lui est passé sous la main, un gris. Son équipe avait ensuite enchaîné près de dix matchs sans défaite. Le mythe était né.
Kiraly pèse plus de 100 sélections en équipe nationale. Dans son pays, c’est une légende vivante. S’il avait perdu sa place entre 2006 et 2009, il est revenu chasser les jeunes pousses et tutoyer une légende du foot hongrois, Joszef Bozsik, au nombre de capes. Le vieux loup a repris sa place et découvrira pour la première fois de sa longue carrière une compétition internationale.
Si la Hongrie a passé l’obstacle norvégien en barrages, c’est avant tout grâce à lui. Le 12 novembre 2015, à la troisième minute du match aller, il arrête une frappe à bout portant du milieu du Herta Berlin Ciljan Skjelberg et sauve littéralement son équipe du naufrage. Trois jours plus tard, la Hongrie met fin à 40 ans d’absence sur la scène européenne.
Manuel Neuer, le symbole de la modernité pour cet Euro 2016
Parler de Manuel Neuer dans un top 3, c’est un peu comme enfoncer une porte ouverte. Toutefois, le gardien du Bayern est le seul portier qui ait véritablement révolutionné l’approche de son poste ces dernières années. Il serait donc injuste de ne pas lui faire une place. Comme le dit si bien Alexander Vancel, qui a fait les grandes heures du RC Strasbourg dans les années 90, tous les gardiens seront comme lui à l’avenir.
Champion du monde en titre avec l’Allemagne, Neuer est sans conteste le meilleur gardien de la planète. Il est aussi habile à la main qu’au pied et il est capable de relancer de manière très précise. Il est aussi excellent lorsqu’il s’agit d’arrêter les penaltys. Très gros travailleur, il a ni plus ni moins redéfini son poste : un gardien doit être le premier défenseur et le premier relanceur.
En 2014, Neuer rate le ballon d’Or en terminant troisième derrière Messi et Ronaldo mais devient le premier gardien sur le podium du Ballon d’Or depuis Gigi Buffon en 2008. À cette occasion, il en profite pour descendre le Portugais et l’Argentin qui, pour lui, sont plus des icônes de mode qu’autre chose. Un homme qui se tait toute l’année, qui encaisse en silence le manque de reconnaissance de son poste, et qui ne parle que pour tailler les deux meilleurs joueurs de champ de la planète, cela mérite tout de même l’admiration.
Manuel Neuer est attendu, car il est une source d’inspiration pour les portiers, mais aussi pour tous les joueurs de la planète. Aussi discret hors des terrains qu’omniprésent sur la pelouse, Neuer est le symbole du gardien moderne, qui excelle dans tous les compartiments du jeu et qui est aussi bon du pied droit que du gauche ou de la tête.
Joe Hart, le pilier d’une Angleterre ambitieuse pour l’Euro 2016
Le gardien de Manchester City est sans doute le meilleur gardien que l’Angleterre n’ait jamais connu même si l’histoire d’amour entre Angleterre et les gardiens relève plus de Benny Hill que de Robin des Bois. Tout le monde se souvient par exemple de David Seaman, l’homme à la moustache, qui a réussi à tenir les cages d’Arsenal et des Three Lions pendant de nombreuses années alors qu’il traînait un certain nombre de casseroles. Mais à cette époque, il n’y avait pas mieux en Angleterre.
Hart a pris le pouvoir en sélection après le très mauvais mondial 2010 du gardien titulaire, Robert Green et la retraite internationale de David James, surnommé « Calamity » James. Avec 57 sélections en équipe nationale, il est devenu le pilier d’une équipe en pleine renaissance et le porte-drapeau d’une sélection jeune et sans complexe.
Depuis plus de quatre ans, il est le gardien qui a rendu le plus de clean-sheet en Premier League alors que des gardiens comme Courtois, Lloris ou Cech y figurent. Soit, Joe Hart commet certaines bourdes largement évitables… mais il n’y a pas meilleur que lui en Angleterre.
En sélection, il bénéficie à plein des bonnes performances de son équipe. Si les hommes de Roy Hodgson n’ont encaissé que quatre buts lors des huit derniers matchs, c’est en partie grâce à lui. Capable d’effectuer des arrêts réflexes exceptionnels et de se mettre en danger bêtement balle au pied, il a le pouvoir d’éblouir les supporters et leur faire frôler la crise cardiaque en l’espace de trente secondes. N’est pas Manuel Neuer qui veut… Même s’il conserve certains stigmates de la malédiction des gardiens anglais, il devrait offrir quelques moments de bonheurs aux supporters anglais.