Cette nouvelle édition du Championnat d’Europe des Nations est la dernière disputée avec une phase finale à huit équipes. A partir de 1996, 16 nations sont représentées lors du tournoi final. L’Euro 1992 est impacté par la géopolitique. L’Allemagne réunifiée dispute sa première compétition après le titre de champion du Monde de l’Allemagne de l’Ouest en 1990 en Italie. De son coté, L’ex-URSS, vainqueur de l’Euro 1960, évolue sous le nom de la CEI.
Brillante lors des qualifications, la Yougoslavie est exclue de la phase finale en raison de la guerre civile et est remplacée par le Danemark. Les Yougoslaves étaient de sérieux outsiders pour cette compétition en Suède. Ils avaient l’ambition de rivaliser avec les Allemands, les Hollandais, tenants du titre et les Français, auteurs d’un grand chelem lors des éliminatoires.
Euro 1992 : Le tableau final avec la victoire du Danemark
Dans un tournoi final surprenant, le Danemark, invité de dernière minute, remporte son premier championnat d’Europe en battant l’Allemagne (2-0) en finale à Goteborg. Les Danois ont éliminé les Pays Bas, champions d’Europe en titre, en demi-finale.
Équipes | Danemark – Allemagne |
Score final | 2-0 |
Date | 26 juin 1992 |
Stade | Ullevi, Goteborg (37.000 spectateurs) |
Arbitre | Bruno Galler |
Buts | Danemark : Jensen (18e ), Vilfort (78e) |
Équipes | Allemagne– Suède |
Score final | 3-2 |
Date | 21 juin 1992 |
Stade | Rasundastadion, Stockholm (28.827 spectateurs) |
Arbitre | Tullio Lanese |
Buts | Allemagne : Hassler (11e), Riedle (59e et 88e) Suède : Brolin (64e sur pén) Andersson (89e) |
Équipes | Danemark – Pays Bas |
Score final | 2-2 (5-4 tab) |
Date | 22 juin 1992 |
Stade | Ullevi, Goteborg (37.450 spectateurs) |
Arbitre | Emilio Soriano Aladren |
Buts | Danemark: Larsen (5e et 33e) Pays Bas: Bergkamp (23e), Rijkaard (86e) |
Euro 1992 : Le Danemark surprend les favoris allemands et hollandais
Avec 34 nations participantes, l’UEFA conserve un système de poules pour les qualifications. Les premiers des sept groupes sont directement qualifiés pour phase finale en Suède. Découvrez dans cet article ce qu’il en est pour l’Euro 2016 qui se déroulera en France.
Éliminatoires : Le grand chelem de la France, l’Italie et l’Espagne à la trappe
Outre l’Allemagne réunifiée, deux équipes participent à leur première qualification du Championnat d’Europe : les Iles Féroé et Saint-Marin. La province autonome du Royaume du Danemark réussit son baptême. Ainsi, dans le groupe 4, les Féringiens battent les Autrichiens pour leur premier match (1-0) et accrochent un match nul en Irlande du Nord (1-1). De son côté, Saint-Marin est moins inspiré et se contente d’un seul but contre la Roumanie (1-3) dans le groupe 2 de ces qualifications. Ce groupe est par ailleurs le plus indécis avec quatre équipes, Bulgarie, Écosse, Roumanie et Suisse en lutte pour la première place. Les Écossais profitent d’un dernier match nul (1-1) entre la Bulgarie de Hristo Stoitchkov et la Roumanie de Gheorghe Hagi pour se qualifier pour son premier championnat d’Europe.
La France du sélectionneur Michel Platini, meilleur joueur de l’Euro 1984, est irrésistible dans ces éliminatoires en remportant tous ces matches du groupe 1. Les Français écartent deux anciens champions d’Europe : la Tchécoslovaquie (1976) et l’Espagne (1964). L’Euro 92 est la seule phase finale d’une grande compétition non disputée par l’Espagne depuis 1978. Dans le groupe 3, l’Allemagne réunifiée s’appuie sur l’équipe de l’Allemagne de l’Ouest, vainqueur de la Coupe du Monde 1990. Le successeur de Franz Beckenbauer au poste de sélectionneur, Berti Vogts, conduit la Mannschaft en Suède en dépit d’une défaite au Pays de Galles (0-1). Pour la petite histoire, l’Allemagne de l’Ouest, vainqueur de l’Euro 1972 et 1980, et l’Allemagne de l’Est, étaient positionnées dans le même groupe avant la réunification de l’été 1990.
Après les phases finales de l’Euro 1988 et de la Coupe du Monde 1990, les éliminatoires de l’Euro 1992, proposent une nouvelle opposition entre l’Irlande et l’Angleterre. Les Anglais de Gary Lineker n’arrivent toujours pas à battre les Irlandais (deux fois 1-1) mais obtiennent leur ticket pour la phase finale grâce notamment à un succès contre la Pologne (2-0) à Wembley. Pour leur part, les Pays-Bas commencent leur campagne par une défaite au Portugal (0-1) mais les coéquipiers de Marco Van Basten assurent la première place sans trop de problèmes.
La surprise de ces qualifications vient du groupe 3 avec l’élimination de l’Italie par l’URSS. Les deux équipes se neutralisent (deux fois 0-0) mais les Soviétiques profitent des contre-performances de la Squadra Azzurra contre la Norvège (1-1 et 1-2) pour se qualifier. L’Italie, vainqueur de l‘Euro 68 et demi-finaliste de la triste Coupe du Monde 1990, se relancera en étant finaliste de la Coupe du Monde 1994 avec le génial Roberto Baggio.
Dans le dernier groupe, la talentueuse Yougoslavie est rayonnante. Le sélectionneur, Ivica Osim, s’appuie sur l’ossature de l’Étoile Rouge de Belgrade, vainqueur de la Coupe d’Europe des Clubs Champions en 1991 face à Marseille. L’attaquant Darko Pancev (10 buts) et le milieu offensif Dejan Savicevic s’en donnent à cœur joie. Ces deux joueurs terminent deuxième ex-æquo au classement du ballon d’or 1991 derrière le Français Jean-Pierre Papin. Les Yougoslaves effectuent un parcours parfait à l’exception d’une défaite contre les Danois (1-2) à domicile. Mais, l’histoire de cette sélection se joue sur un autre terrain. Dès juin 1991, la Croatie et la Slovénie proclament leur indépendance. Le futur joueur du Milan AC, Zvonimir Boban arrête de jouer sous le maillot yougoslave pour enfiler la tunique croate. La guerre civile éclate en novembre 1991 et la résolution 757 du Conseil de Sécurité des Nations Unis votée le 30 mai 1992 instaure un embargo contre la Yougoslavie. L’équipe se retrouve donc exclue de l’Euro dix jours avant le début de la compétition.
Le tournoi final en Suède regroupe donc huit équipes dont le Danemark repêché suite à l’exclusion de la Yougoslavie. L’URSS devient la CEI (Communauté des États Indépendants) suite au changement politique de cette région. Étant donné l’absence de la Yougoslavie, les trois favoris de cette phase finale sont l’Allemagne, les Pays Bas et la France.
Les improbables Danois brisent le rêve de l’Allemagne réunifiée
Les rencontres se déroulent du 10 juin au 26 juin 1992 dans quatre villes suédoises. L’UEFA reconduit pour la dernière fois la formule avec deux groupes de quatre équipes puis les demi-finales et la finale.
Dans le groupe A, la France et l’Angleterre sont les favoris logiques malgré la présence du pays hôte suédois. Le Danemark est condamné à jouer les faire-valoir dans ce groupe. Mais, dès la première journée, les équipes nordiques accrochent les Français et les Anglais. Les Bleus évitent même la défaite contre les Suédois grâce à une égalisation de Jean-Pierre Papin (1-1). De leur coté, les Anglais, solides en défense, pêchent dans la finition et enchainent un second match nul vierge contre les Français. Les Suédois du portier Thomas Ravelli battent les voisins danois sur un but du prodige Tomas Brolin (1-0). Avant la dernière journée, les deux favoris restent en position de se qualifier.
Mais, le début de compétition poussif des deux équipes se confirme. L’équipe de Graham Taylor s’incline contre les Suédois (1-2) malgré l’ouverture du score de David Platt en début de match. La sélection de Michel Platini souffre face aux Danois mais pense avoir fait le plus difficile en égalisant par le canonnier Jean-Pierre Papin. Mais l’attaquant Lards Elstrup envoie son pays en demi-finale d’un plat du pied face à Bruno Martini. Les pays du nord de l’Europe créent donc la surprise dans ce groupe.
Dans le groupe B, l’Allemagne et les Pays Bas sont logiquement les grands favoris. Les Hollandais l’emportent difficilement contre les Écossais (1-0) grâce à un but de leur nouvelle pépite, Dennis Bergkamp. Les Allemands évitent un revers face à la CEI avec un but à dernière minute de Thomas Hassler. L’équipe de Berti Vogts prend ensuite l’ascendant sur des malheureux écossais (2-0). La CEI continue de jouer les trouble-fêtes en accrochant les Pays Bas (0-0). L’équipe du sélectionneur Anatoli Bychovets est bien parti pour atteindre le dernier carré. Une victoire contre les éliminés écossais leur suffit. Mais, les coéquipiers craquent dès le début de match et les Écossais gagnent un succès de prestige (3-0). Dans l’autre match, les Néerlandais dominent avec la manière les Allemands (3-1) et finissent premiers du groupe. Les deux équipes pourraient logiquement se retrouver en finale.
En effet, les Allemands et les Hollandais abordent les demi-finales avec les faveurs des bookmakers. Dans la première demi-finale, l’Allemagne est au rendez-vous et met fin aux rêves de la Suède en l’emportant 3-2 à Stockholm avec notamment un doublé de Karl-Heinz Riedle. Les Suédois confirmeront deux ans plus tard en terminant troisième de la Coupe du Monde 1994 aux États-Unis. Dans la seconde demi-finale, les Danois débutent en fanfare avec un but d’Henrik Larsen. Dennis Bergkamp égalise pour les « Oranjes » avant que Larsen récidive en première mi-temps (2-1). Il faudra attendre la fin du match pour voir Frank Rijkaard égaliser. Le match se finit au tirs au but avec l’arrêt décisif de Peter Schmeichel sur la frappe de Marco Van Basten. Le meilleur joueur de l’Euro 88 et futur ballon d’or 1992 est donc le héros malheureux de cette demi-finale.
Malgré les exploits danois, les Allemands partent confiants pour la finale et s’imaginent déjà réaliser le doublé Coupe du Monde et Euro. Une victoire serait symbolique pour la toute nouvelle Allemagne réunifiée. Mais l’équipe de Richard Moller Nielsen continue d’épater leurs fabuleux supporters. Deux frappes de Jensen et Vilfort mettent l’Allemagne à terre. Peter Schmeichel reste intraitable sur sa ligne notamment face à Jurgen Klinsmann. Les Danois créent donc la plus grande surprise du Championnat d’Europe des Nations.
Le vainqueur : le Danemark et Peter Schmeichel sur le toit de l’Europe
Invité surprise de l’Euro, le Danemark n’a pas volé son titre de Champion d’Europe en éliminant successivement les trois favoris de la compétition : la France en poule, les Pays-Bas en demi-finale et l’Allemagne en finale. Pourtant, les Danois apprennent leur participation à l’Euro moins de deux semaines avant le début de la compétition.
Et les Danois sont privés de leur meilleur joueur, Michael Laudrup. Le joueur du Barça est en froid avec son sélectionneur et n’a pas souhaité participer à cette phase finale. Mais, Moller Nielsen peut compter sur le petit frère de la vedette, Brian Laudrup. Le joueur du Bayern Munich réalise une grande compétition et figure dans l’équipe du tournoi. Malheureusement, sa carrière n’atteindra pas les sommets espérés.
L’autre satisfaction offensive est Henrik Larsen, meilleur buteur de la compétition avec trois buts. L’attaquant a marqué le but décisif contre la France (2-1) et un doublé contre les Pays-Bas en demi-finale (2-2). Le joueur de Pise connait son moment de gloire en sélection (cinq buts en 39 sélections). Mais, le grand artisan du succès danois reste le portier de Manchester United, Peter Schmeichel. Le gardien impressionne lors de la demi-finale face aux Bataves et écœure les attaquants allemands en finale.
L’avenir sera moins rose pour les surprenants vikings. Les Danois échouent lors des qualifications de la Coupe du Monde 1994 et ne parviennent pas à sortir de la poule lors de l’Euro 96 en Angleterre. Ils gagneront tout de même un autre trophée avec la Coupe des Confédérations en 1995 en disposant de l’Argentine en finale (2-0).
L’équipe de France : Irrésistible en qualifications, impuissante en phase finale
Avec l’arrivée de Michel Platini au poste de sélectionneur fin 1988, l’Équipe de France reprend des couleurs. Néanmoins, les Bleus ne se qualifient pas pour la Coupe du Monde 1990 en étant devancés par la Yougoslavie et l’Écosse lors des qualifications. Pour les éliminatoires de l’Euro 92, Michel Platini constitue un groupe solide à partir d’un stage au Koweit en janvier 1990.
Si l’équipe de France avec Michel Platini joueur était une équipe offensive, l’équipe de France de Michel Platini sélectionneur se distingue par sa solidité défensive. L’attaque repose sur le duo Jean-Pierre Papin- Eric Cantona. Les Bleus réalisent un parcours parfait lors des éliminatoires avec huit victoires. Pourtant, le groupe n’est pas aisé avec la présence de la Tchécoslovaquie, quart de finaliste de la Coupe du Monde 90 et de l’Espagne, huitième de finaliste mondial. Platini s’appuie sur une ossature défensive marseillaise (Boli, Casoni, Durand, Deschamps, Amoros et Angloma).
Néanmoins, les matchs de préparation à l’Euro sont moins aboutis. Les Anglais mettent fin à 19 matchs sans défaite des Bleus à Wembley (0-2). Les Français sont ensuite accrochés par la Belgique (3-3), les Pays-Bas (1-1) et perdent même en Suisse (1-2). L’Euro confirme les inquiétudes et la difficulté des Bleus à trouver des solutions offensives. Les français semblent rincés physiquement. Un match nul contre les Danois aurait permis aux Français de passer par la petite porte avec aucun succès en poule. Mais, une erreur défensive avec un mauvais alignement renvoie les Bleus à la maison.
A la suite de ce tournoi sans victoire, Michel Platini quitte ses fonctions et n’entrainera plus jamais. L’ancien joueur de la Juventus se dirigera vers une carrière de dirigeant des instances du football. L’équipe de France de Gérard Houllier ratera la Coupe du Monde 1994 suite au fiasco de la fin des qualifications (défaites contre l’Israël et la Bulgarie au Parc des Princes).