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L’Euro 2016 passe de 16 à 24 équipes : voici notre analyse sur l’évolution de la formule

Le passage à 24 équipes pour l'Euro 2016

L'Euro 2016 comptera 24 équipes

De 1996 à 2012, 16 équipes participaient au championnat d’Europe des nations. À l’Euro 2016, 24 équipes se disputeront le titre de champion d’Europe. Pourquoi ce changement ? Qui en est à l’origine ? Quelles sont les conséquences pour la France et pour le spectacle ?

Michel Platini, qui est arrivé à la tête de l’UEFA grâce à une coalition de petites nations qui ont soutenu sa candidature, a largement milité pour l’élargissement de la compétition. Mais, en star de l’esquive qu’il est, il s’en est dédouané par la suite.

À Kiev, en 2007, il a tout simplement déclaré que ce sont les 53 pays, dont beaucoup n’ont pas le palmarès de l’Espagne, qui ont voté pour l’élargissement car ils ont compris que la qualification pour les phases finales serait mathématiquement plus simple.

Plus de matchs, plus de droits TV, plus d’argent pour cet Euro 2016

Le fait permettre aux petites nations d’avoir une meilleure chance d’accéder aux phases finales est né d’un calcul financier évident. Mais Platini devait s’assurer des soutiens en vue de sa réélection et préparer un Euro 2020 qui se disputerait dans l’Europe entière.

L’ouverture est avant tout une question de gros sous

L’UEFA est avant tout une organisation financière. Auparavant, Platini avait soutenu l’élargissement de la Ligue des Champions. Celui-ci avait fourni un cadre pour calculer les retombées économiques de la compétition en cas de changement de formule. Le résultat était clair : une LDC élargie est plus bénéfique qu’une LDC fermée. L’UEFA a donc récidivé pour l’Euro. Un tournoi à 24 plutôt qu’à 16 multiplie le nombre de rencontres et donc de recettes. Chaque rencontre est une manne de revenus énorme : droits de retransmission, nombre de sponsors à mettre en valeur, tourisme local, vente de billets et de téléviseurs.

Malgré tout l’augmentation des recettes est à mettre en rapport avec le nombre de participants qui en bénéficient, notamment au niveau des indemnités versées par l’UEFA. Plus il y a de pays à gagner de l’argent, moins les sommes sont importantes. Il y a un manque à gagner évident pour les grosses sélections. Mais pour les petites nations du football, il est préférable d’avoir un hypothétique pourcentage de quelque chose qu’un gros pourcentage de rien du tout.

Michel Platini a soutenu le passage à 24 équipes pour des motifs politiques et financiers.

Le cadeau empoisonné aux petites nations

Qui dit plus de matchs dit aussi plus d’enceintes. Pour des gros pays comme la France, l’Espagne ou l’Allemagne, cela ne pose pas de problèmes, mais pour des plus petites nations, espérer un jour organiser la compétition relève du fantasme. Déjà en 2012, l’Ukraine et la Pologne avaient dû coorganiser l’événement. Avant elles, la Suisse et l’Autriche avaient partagé le ticket pour l’Euro 2008.

En bon libéral, Platini a donc demandé aux petites nations de sacrifier l’espoir de revenus colossaux engendrés par une hypothétique organisation du tournoi au profit d’un ticket plus facile à décrocher, mais non garanti. Une carotte imaginaire en somme.

Le foot comme reflet de la construction européenne

Le foot est le miroir de la politique et l’UEFA incarne à merveille le grand rêve libéral d’une Europe unie dont les pays auraient disparu au profit des régions. Avant ses démêlés judiciaires, Platini avait évoqué la possibilité d’organiser la compétition en 2020 non pas dans un ou deux pays, mais dans l’Europe entière. Au lieu de devoir construire une dizaine de stades, les petits pays n’auraient qu’une enceinte à rénover. Ils pourraient donc participer à la fête et espérer des retombées économiques. Noble intention.

Dans la pratique cependant, cela est catastrophique. Imaginons qu’une équipe qui joue à Berlin doive aller à Helsinki trois jours plus tard pour son deuxième match. Un tel système induirait un surplus inutile de fatigue. L’Euro deviendrait une purge dans le calendrier déjà énorme des joueurs et la qualité du spectacle en pâtirait. Mais, à l’UEFA, le joueur n’est ni plus ni moins qu’une caution financière.

Gianni Infantio, le successeur de Platini à la tête de l’UEFA, poussera-t-il pour un Euro 2020 dans l’Europe entière ?

Privilégier les grosses équipes de l’Euro sous couvert de diversité

Par le simple jeu des probabilités, l’ouverture des phases finales de l’Euro permet de minimiser les risques que de grosses équipes se fassent sortir au premier tour. Mais ce procédé fait aussi dramatiquement baisser le niveau général de la compétition.

Une ouverture de cet Euro 2016 à double tranchant

Dans un Euro à 24 pays, les petites nations ont mathématiquement plus de chances de se qualifier pour les phases finales. Les petites équipes ont aussi mathématiquement plus de chance de sortir des phases de groupes, car le taux de grosses sélections par poule serait amoindri. Cette année par exemple, des pays comme la Hongrie, l’Irlande du Nord ou l’Islande participent à la compétition. Cela ne manquera pas d’émerveiller les amateurs du football champêtre mais on peut se demander si de telles sélections ont réellement leur place au sommet du foot européen.

Platini a promis de la diversité aux petites nations du ballon rond. Mais, qu’en est-il des villes hôtesCertaines vont clairement se retrouver lésées. Lens, qui aura dans son stade un match Pays de Galles-Slovaquie (sans faire injure aux deux nations) va engendrer moins de bénéfices que Paris qui verra la Belgique et l’Italie se battre en duel. Entre le coût de l’organisation et les recettes, pas sûr que Lens s’y retrouve. En ces temps d’europhilie maladive, l’intérêt supranational prime par rapport à l’intérêt local.

La Hongrie a-t-elle vraiment une chance dans la compétition ou servira-t-elle de faire-valoir ?

Maximiser les chances de la France pour cet Euro organisé à domicile

L’augmentation du nombre de petites nations permet aussi aux grosses nations d’avoir un parcours relativement dégagé. Ainsi, la notion de groupe de la mort a disparu. Quand on voit le groupe A, celui de la France, on devient presque nostalgique d’un Euro à 8 équipes où chaque rencontre était un combat titanesque.

La France a statistiquement plus de chance de passer les phases de poules que par le passé (découvrez dans cet article quel pourrait être le parcours des Bleus pour l’Euro 2016). Les probabilités sont en plus appuyées par un précédent, celui de la Coupe du Monde 98. En 94, 24 équipes participaient au mondial américain. En 98, on est passé à 32 équipes et la France a gagné. Michel Platini a dû se rappeler de cela en proposant l’élargissement de la compétition.

16 équipes passeront les poules dans cet Euro 2016 contre 8 auparavant

Un Euro à 16 équipes offrait un compromis idéal entre ouverture, facilité d’organisation et lisibilité du tournoi. Les deux premiers des quatre groupes accédaient aux 1/4 de finale et puis c’était tout. Avec 24 équipes, il a fallu amender les modalités de qualification pour les huitièmes de finale en ouvrant des places pour les meilleurs troisièmes (retrouvez le règlement de la compétition).

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