L’UEFA continue d’innover pour cette 11ème édition du Championnat d’Europe des Nations avec la co-organisation de la phase finale par deux pays, la Belgique et les Pays-Bas. L’UEFA conserve la phase finale à 16 équipes comme lors de l’Euro 96. 49 équipes participent aux qualifications de la compétition dont la Principauté d’Andorre qui est le néophyte de cette nouvelle édition. Privée de l’Euro 96, la Yougoslavie est autorisée à jouer les éliminatoires de l’épreuve.
La phase finale de l’Euro 2000 est exceptionnelle avec des matches passionnants, un suspens tout au long de la compétition, un florilège de buts et une finale haletante. La France, championne du Monde en titre, et les Pays-Bas, demi-finaliste de la compétition mondiale, sont les favoris de ce championnat d’Europe. Pour la seconde et dernière fois, le but en or est utilisé lors de l’Euro.
Euro 2000 : Le tableau final avec la victoire de la France
Dans ce tournoi final à 16 nations, la France, vainqueur en 1984, remporte son deuxième championnat d’Europe en battant l’Italie (2-1) en finale à Rotterdam. Pour lire notre article consacré à cette finale de l’Euro 2000, cliquez ici.
Euro 2000 : La France championne d’Europe avec le but en or
Avec 49 nations participantes, l’UEFA conserve un système de poules pour les qualifications. Les premiers des neuf groupes sont directement qualifiés pour la phase finale en Belgique et aux Pays-Bas ainsi que le meilleur second. Les huit autres seconds s’affrontent en matches de barrage pour les quatre dernières places. Découvrez dans cet article ce qu’il en est pour l’Euro 2016 qui se déroulera en France.
La Croatie et la Russie : les grands perdants des qualifications
La phase finale à 16 équipes inaugurée en 1996 permet aux grandes nations d’aborder sereinement les éliminatoires de l’Euro 2000. Cinq nations, présentes en 1996 en Angleterre, échouent dans la course à la qualification pour le Championnat d’Europe aux Pays-Bas et en Belgique : l’Écosse, la Bulgarie, la Suisse, la Russie et surtout la Croatie. Les Croates, quart de finalistes en 1996 et demi-finalistes de la Coupe du Monde en 1998, terminent à la troisième place de leur groupe derrière la Yougoslavie et l’Irlande. Les coéquipiers de Davor Suker ratent le coche lors de la dernière journée dans la chaude confrontation contre la Yougoslavie à Zagreb (2-2). Une victoire aurait permis aux Croates de valider leur billet pour l’Euro.
Absente de la Coupe du Monde 98, la Russie ne passe pas une nouvelle fois le stade des éliminatoires. Dans le groupe de la France, championne du Monde en titre et de l’Ukraine, les Russes se dirigent vers une qualification directe jusqu’à la bourde de leur portier, Aleksandr Filimonov, en fin de match contre les Ukrainiens (1-1). La France en profite pour finir en tête de son groupe et l’Ukraine gagne sa place pour les barrages.
Dans les autres groupes, les pays vainqueurs de précédents championnats d’Europe, l’Italie (1968), l’Allemagne (1972, 1980 et 1996) et l’Espagne (1964) se qualifient sans difficultés. La République Tchèque, finaliste de l’Euro 96, écrase son groupe avec dix victoires en 10 matches. De leur coté, la Roumanie et le Portugal dominent nettement le groupe 7. Les deux nations se qualifient directement avec la place de meilleur second de la sélection portugaise. Dans un groupe accessible, la Norvège confirme sa bonne Coupe du Monde 98 (1/8ème de finaliste) en terminant première devant la Slovénie.
Dans le dernier groupe, la Suède de Henrik Larsson impressionne en finissant largement devant l’Angleterre. Les Anglais accrochent leur place in-extremis pour les barrages devant la Pologne. Lors des barrages, les Danois atomisent les Israéliens (5-0, 3-0), les Turcs éliminent les Irlandais sans les battre (1-1, 0-0) et les Anglais dominent dans la douleur les voisins écossais (2-0, 0-1). La surprise provient de la Slovénie. Les Slovènes emmenés par Zlatko Zahovic sortent l’Ukraine d’Andrei Chevtchenko (2-1, 1-1) en match de barrage. Une belle performance pour cette jeune nation. La Slovénie et la Norvège sont les néophytes de la phase finale. La Belgique, en tant que pays organisateur, la Suède et le Yougoslavie sont les trois autres pays qualifiés non présents lors de l’édition 1996.
Les Français battent sur le fil les Italiens en finale à Rotterdam
Dans le groupe D, la Hollande, pays hôte, et la France, championne du monde en titre, se qualifient sans difficultés pour la suite de la compétition. Les Danois, vainqueur de l’Euro 92 et les Tchèques, révélations de l’Euro 96, ne peuvent contester la suprématie des deux favoris. Les Nordiques vivent même un calvaire avec trois défaites, huit buts encaissés et zéro but marqué. Les Néerlandais terminent en tête du groupe en disposant des remplaçants français (3-2) lors du dernier match.
L’autre pays hôte, la Belgique, ne connait pas le même succès. Placée dans un groupe abordable, l’équipe du sélectionneur Robert Waseige débute pourtant bien la compétition en battant la Suède (2-1). Mais, les Diables Rouges s’inclinent contre le cours du jeu face à l’Italie (0-2) avant de perdre la finale pour la deuxième place contre la Turquie d’Hakan Sukur (0-2). Pour la première fois depuis l’Euro 84 et l’instauration du système « groupe puis élimination directe », un pays hôte ne se qualifie pas pour la seconde partie de la compétition. Une cruelle déception pour les coéquipiers de Marc Wilmots, sélectionneur actuel de la Belgique. Les Turcs accompagnent les efficaces Italiens en quart de finale.
Dans le groupe C, le suspens est au rendez-vous. Les Yougoslaves passent par tous les états. Lors du premier match, ils sont menés 3-0 par leurs voisins slovènes en étant en infériorité numérique suite à l’expulsion de Sinisa Mihajlovic. L’équipe de Radomir Antic réussit à égaliser (3-3). Après avoir vaincu la Norvège (1-0), les Yougoslaves se dirigent vers la première place en dominant l’Espagne avant de s’effondrer dans les derniers instants (3-4). Finalement, les coéquipiers de Savo Milosevic (5 buts) sauvent la deuxième place suite au match nul (0-0) entre les surprenants slovènes et les solides norvégiens. De leur coté, les Espagnols s’adjugent une première place inespérée après une défaite inaugurale contre la Norvège (0-1), une victoire étriquée face à la Slovénie (2-1) et le succès in-extremis contre la Yougoslavie.
Dans le groupe A, les deux favoris, l’Allemagne et l’Angleterre, ne confirment pas leur statut. Pourtant, les Anglais débutent en fanfare en menant 2-0 contre le Portugal au bout de 20 minutes. Mais les Portugais de Luis Figo renversent la situation dans un match haletant (3-2). L’équipe de Kevin Keegan se relancent en battant de pauvres allemands (1-0), tenus en échec lors du premier match contre la Roumanie (1-1). Les Anglais restent en course pour accrocher la seconde place. Mais, les coéquipiers de David Beckham, 2ème du ballon d’or 1999, craquent contre les Roumains (2-3) après avoir mené au score. De leur coté, les Allemands explosent contre le Portugal (0-3) avec un triplé de Sergio Conceiçao.
En quart de finale, l’Italie et le Portugal dominent logiquement la Roumanie (2-0) et la Turquie (2-0). Les Hollandais profitent des largesses yougoslaves (6-1) avec notamment un triplé de Patrick Kluivert. Le dernier quart de finale est plus indécis. Les Français éliminent les Espagnols de Raul. Un magnifique coup-franc de Zinedine Zidane puis une belle frappe de Youri Djorkaeff envoient les Bleus en demi-finale (2-1).
Les demi-finales sont splendides avec un suspens insoutenable. Le Portugal, surprise de la compétition, met en difficulté les Français en menant à la mi-temps 1-0. Les Bleus se réveillent et égalisent par Thierry Henry. Les deux équipes se dirigent vers la séance des tirs au but mais Abel Xavier est sanctionné d’une main dans la surface, contestée par les Portugais. Zinedine Zidane ne rate pas l’occasion de transformer ce pénalty en or. Après 1984, les Portugais échouent une nouvelle fois contre les Français en demi-finale de Championnat d’Europe.
Dans l’autre demi-finale, les Pays-Bas butent contre de solides Italiens, réduits à 10 dès la première mi-temps suite à l’expulsion de Gianluca Zambrotta. L’équipe du sélectionneur Frank Rijkaard rate deux pénalties dans le temps réglementaire par Frank De Boer et Patrick Kluivert. Les Italiens résistent en prolongation et le portier de la Squadra Azzurra, Francesco Toldo, parachève son récital en écœurant les Bataves aux tirs au but. Les Hollandais peuvent s’en mordre les doigts et ne rééditeront pas la performance de 1988.
La finale est aussi palpitante avec un scénario incroyable. L’Italie de Dino Zoff proposent un jeu plus offensif que lors de ses précédents matches. Marco Delvecchio, titulaire surprise, ouvre le score avant l’heure de jeu. La Squadra Azzurra résiste aux assauts français… jusqu’à la dernière minute et le but du remplaçant Sylvain Wiltord. Lors de la prolongation, les deux autres remplaçants français font la différence avec le but en or de David Trezeguet sur un centre de Robert Pirès.
Le vainqueur : la France réalise le doublé après la Coupe du Monde 1998
L’Équipe de France a remporté « sa » Coupe du Monde 98 en s’appuyant sur une solide assise défensive. En 2000, les Bleus proposent un jeu plus chatoyant et plus offensif. Le sélectionneur, Roger Lemerre, dispose d’un potentiel offensif plus important qu’en 1998 avec l’intégration de Nicolas Anelka et de Sylvain Wiltord et la montée en puissance de Thierry Henry, David Trezeguet et Robert Pirès.
Ce penchant offensif a des conséquences sur la solidité défensive des Bleus. La France conservera sa cage inviolée uniquement contre les inoffensifs danois lors du premier match. Pourtant, la défense reste identique à celle de 1998 avec Fabien Barthez dans les buts, Laurent Blanc et Marcel Desailly dans l’axe et Bixente Lizarazu et Lilian Thuram sur les cotés. Mais Roger Lemerre opte pour un milieu plus offensif pour créer des différences en alignant régulièrement quatre offensifs dans son équipe. Une différence notoire par rapport à son prédécesseur Aimé Jacquet.
Lors de ce championnat d’Europe, la France peut compter sur un grand Zinedine Zidane, décisif en quart de finale et en demi-finale. Le joueur de Kaiserslautern, Youri Djorkaeff, répond également présent avec des buts cruciaux contre la République Tchèque en poule (2-1) et contre l’Espagne en quart de finale. De son coté, David Trezeguet ronge son frein sur le banc pendant la compétition. Le futur joueur de la Juventus est seulement titulaire lors du match des coiffeurs contre les Pays Bas (2-3) avec un but à la clé. L’attaquant franco-argentin entre en jeu lors de la demi-finale et la finale. Un pari gagnant avec ce but en or victorieux. Trezeguet avait déjà marqué le but synonyme de qualification pour l’Euro contre l’Islande (3-2) lors de la dernière journée de qualification.
Le capitaine, Didier Deschamps, tire sa révérence après ce nouveau sacre. L’avenir sera moins dorée pour l’Équipe de France. Favorite lors de la Coupe du Monde 2002, les Bleus ne se remettront pas de la blessure de Zinedine Zidane avant le début de la compétition. L’équipe de Roger Lemerre ne passera pas le cap du premier tour. Un échec pour le sélectionneur tricolore qui sera remplacé par Jacques Santini à la tête des Bleus.
Zinedine Zidane : le magnifique stratège de l’Équipe de France
Zinedine Zidane dispute aux Pays-Bas et en Belgique son deuxième Championnat d’Europe des Nations. Diminué physiquement en 1996 en Angleterre, le meneur de jeu tricolore n’est pas décisif et inquiète les médias italiens lors de son transfert à la Juventus Turin. L’ancien bordelais rassura les sceptiques avec ses prestations flamboyantes avec la Vieille Dame. En 2000, Zidane est rayonnant. Sa performance lors de la compétition est plus aboutie que de lors de la Coupe du Monde victorieuse en 1998 malgré son mythique doublé en finale contre le Brésil (3-0).
Le style de jeu plus offensif de l’Équipe de France permet au numéro 10 de s’épanouir sous le maillot bleu. Le joueur formé à l’AS Cannes est décisif contre l’Espagne en quart de finale avec un splendide coup franc dans la lucarne de Santiago Canizares. En demi-finale, Zidane garde son sang froid pour transformer le pénalty victorieux en prolongation contre le Portugal. Actif en finale contre l’Italie, le milieu offensif ne marque pas mais représente une menace constante pour les défenseurs transalpins.
Zidane est élu meilleur joueur du tournoi et peut légitimement espérer remporter son deuxième ballon d’or après celui de 1998. Mais, ses deux cartons rouges en Champions League à l’automne 2000 le privent de cette nouvelle consécration. Luis Figo le devance finalement au classement. Zidane retrouvera le Portugais l’été suivant sous le maillot du Real Madrid.