L’Euro 80, organisé en Italie, a déçu l’UEFA et les passionnés de foot par un manque de spectacle et un faible engouement populaire. Les performances des équipes européennes lors de la Coupe du Monde 1982, Italie, Allemagne de l’Ouest, Pologne et France dans le dernier carré, laissent présager un championnat d’Europe de haut niveau en 1984. L’UEFA espère revivre une édition aussi passionnante que celle de l’Euro 76 avec un suspens haletant et une cascade de buts.
Malgré l’absence de certaines grandes nations dont l’Italie championne du Monde, la phase finale du Championnat d’Europe 1984 est une réussite sur le plan du spectacle proposé et un succès populaire. Même si les stades n’affichent pas toujours complets, un seul match du tournoi final se joue devant moins de 20 000 spectateurs. Le fabuleux parcours de la France n’est pas étranger à cette ferveur populaire.
Euro 1984 : Le tableau final avec la victoire de la France
Dans un tournoi final de grande qualité, la France du magistral Michel Platini remporte le championnat d’Europe à domicile en battant l’Espagne (2-0) en finale au Parc des Princes. Le Portugal et le Danemark échouent en demi-finale avec les honneurs.
Équipes | |
Score final | 2-0 |
Date | 27 juin 1984 |
Stade | Parc des Princes, Paris (47.368 spectateurs) |
Arbitre | Vojtech Christov |
Buts | France : Platini (57e ), Bellone (90e) |
Euro 1984 : La France impériale à la maison
Avec 32 nations participantes, l’UEFA conserve un système de poules pour les qualifications. Les premiers des huit groupes sont directement qualifiés pour phase finale en France. Découvrez sur cet article ce qu’il en est pour l’Euro 2016 qui se déroulera en France.
L’Italie, Championne du Monde, est éliminée dès les qualifications
Les éliminatoires de l’Euro 1984 sont riches et intenses. Seule la Belgique, finaliste de l’édition précédente, maîtrise son sujet en se qualifiant tranquillement devant la Suisse et la RDA dans le groupe 1. Dans les autres groupes, le suspense et les surprises sont au rendez-vous. Vainqueur de la Coupe du Monde 1982 et quatrième de l’Euro précédent, l’Italie vit une phase de qualification cauchemardesque dans le groupe 5 avec une seule victoire en huit matches lors de la dernière rencontre contre les modestes Chypriotes (3-1). Le légendaire portier Dino Zoff (41 ans et 112 sélections), vainqueur de l’Euro 68, termine tristement sa carrière avec une défaite en Suède (0-2). La Roumanie profite du désastre de la Squadra Azzurra pour se qualifier pour son premier championnat d’Europe en écartant de justesse la Suède et la Tchécoslovaquie, vainqueur de l’Euro 76.
De son coté, l’Allemagne de l’Ouest, tenante du titre et finaliste de la Coupe du Monde 1982, est battue deux fois par l’étonnante Irlande du Nord qui bénéfice de la meilleure génération de son histoire. Toutefois, les coéquipiers de Karl-Heinz Rummenigge se qualifient sur le fil en disposant de l’Albanie lors du dernier match avec un but vainqueur à dix minutes de la fin (2-1). La RFA devance l’Irlande du Nord (au goal-avérage) et l’Autriche. Le suspense est également insoutenable dans le groupe 4 avec la qualification de la Yougoslavie de Safet Susic. Avant la dernière rencontre opposant la Yougoslavie et la Bulgarie, les deux équipes sont encore en course pour la qualification en cas de victoire. En cas de score de parité, le Pays de Galles décrocherait son billet pour la France. Finalement, un but à la dernière minute du futur niçois Ljubomir Radanovic envoie la Yougoslavie en France.
Dans le groupe 7, un duel oppose l’Espagne, Championne d’Europe en 1964, et les Pays-Bas, double finaliste de la Coupe du Monde 1974 et 1978. La Hollande, emmenée par Ruud Gullit, prend sa revanche de la défaite au match aller (0-1) en Espagne en disposant de la Roja au match retour (2-1) à Rotterdam. Les « Oranjes » sont en position de force avant la dernière rencontre du groupe. En effet, l’équipe du sélectionneur Miguel Munoz doit vaincre Malte par au minimum 11 buts d’écart pour doubler les Pays-Bas au classement. Le score à la mi-temps (3-1) laisse penser une issue favorable aux Bataves mais les Espagnols, avec un grand Carlos Santillana (4 buts), emmagasinent les buts et l’emportent 12-1. Une cruelle désillusion pour les Pays Bas, déjà éliminés par la France et la Belgique, lors des qualifications de la Coupe du Monde 1982.
Dans le groupe 2, l’URSS, vainqueur de l’Euro 60, ne confirme pas sa qualification à la Coupe du Monde 82, en étant devancé par le Portugal. Pourtant, les Soviétiques avaient laminé la Seleçao à Moscou (5-0). Mais, la défaite lors du dernier match (1-0) à Lisbonne sur un pénalty litigieux transformé par Rui Jordao est fatidique aux coéquipiers de Oleg Blokine. L’autre surprise de ce groupe est la contre-performance (1 seule victoire) de la Pologne de Zbigniew Boniek, demi-finaliste de la précédente Coupe du Monde. Dans le dernier groupe, l’Angleterre est surprise par le Danemark. Les Nordiques empochent leur qualification grâce à un succès à Wembley (1-0) sur un pénalty de Allan Simonsen, ballon d’or 1977. Outre Simonsen, l’équipe danoise dispose de talentueux joueurs comme l’attaquant Preben Elkjaer Larsen ou le jeune prodige Michael Laudrup. Cette qualification est historique pour le Danemark qui n’avait plus participé à une compétition internationale depuis l’Euro 64.
Le sacre de l’Équipe de France et de Michel Platini devant le public français
Les rencontres se déroulent du 12 juin au 27 juin 1984 dans les villes suivantes : Paris, Marseille, Lyon, Nantes, Bordeaux, Saint-Étienne, Strasbourg et Lens. L’UEFA décide de conserver la formule du tournoi final avec huit nations mais réinstaure les demi-finales. Les deux premiers des groupes se qualifient pour le dernier carré.
La France, pays hôte et demi-finaliste de Coupe du Monde 1982, et l’Allemagne de l’Ouest, finaliste mondial, sont les favoris des deux groupes. Dans le match d’inauguration, la France de Michel Hidalgo bat difficilement les Danois (1-0) sur un but de Michel Platini. Avec cette réalisation, le meilleur buteur du Calcio avec la Juventus égale le record du nombre de buts marqués en Équipe de France par Just Fontaine (27 buts). Le latéral gauche français, Manuel Amoros, est expulsé en fin de match pour un coup de tête et sera suspendu trois matchs. Dans l’autre match du groupe, la Belgique confirme ses belles qualifications en disposant de la Yougoslavie (2-0). Les deux équipes victorieuses se retrouvent à Nantes pour le deuxième match. Les Bleus sont libérés et étrillent les diables rouges belges (5-0) avec notamment un triplé de Michel Platini. Malgré la grave blessure d’Allan Simonsen contre la France, la « Danish dynamite » élimine brillamment les Yougoslaves (5-0) et se relance pour une qualification en demi-finale.
Déjà qualifiés pour les demi-finales, les Français remportent le troisième match contre la Yougoslavie (3-2) avec un nouveau triplé de son maître à jouer, Michel Platini. Dans le match décisif pour la qualification dans le dernier carré, les Danois renversent les Belges (3-2) qui menaient 2-0. Les deux équipes qualifiées dans le groupe A sont récompensées pour leur jeu offensif.
Dans l’autre groupe, les matchs sont moins spectaculaires. Après avoir été accroché lors du premier match par le Portugal (0-0), le tenant du titre allemand bat difficilement les Roumains (2-1) avec un doublé du futur marseillais Rudi Voller. De leur coté, les Espagnols concèdent un nouveau match nul contre le Portugal (1-1) après celui contre la Roumanie (1-1). Les quatre équipes peuvent encore se qualifier lors de la dernière journée. Un match nul suffit aux Allemands de l’Ouest contre l’Espagne pour continuer l’aventure. Mais le défenseur ibérique Maceda délivre l’Espagne en marquant à la dernière minute (1-0). Une belle revanche pour les Espagnols éliminés par les Allemands lors du second tour de leur Coupe du Monde en 1982. Dans l’autre match, les Portugais assurent leur qualification contre les Roumains avec un but de Néné en fin de match (1-0).
La première demi-finale oppose la France au Portugal à Marseille. Cette rencontre est un match d’anthologie avec un suspense insoutenable. A la fin du temps réglementaire, les équipes sont à égalité (1-1). Le buteur portugais, Jordao, permet à sa sélection de prendre les devants avec son deuxième but de la partie. Mais, Jean-François Domergue, remplaçant de Manuel Amoros, égalise à six minutes de la fin en marquant son second but de la partie. Les deux équipes se dirigent vers la séance de tirs aux buts jusqu’à la chevauchée fantastique de Jean Tigana ponctuée par un but de Michel Platini (3-2). Vous pouvez retrouver le résumé de cette magnifique rencontre ici.
La seconde demi-finale entre l’Espagne et la Danemark est également un match avec du suspense. Les deux équipes se neutralisent (1-1) et la rencontre se termine aux tirs au but. Finalement, l’attaquant danois de l’Hellas Vérone, Preben Ejkjaer Larsen rate son tir au but et envoie l’Espagne vers sa deuxième finale européenne après son sacre de 1964. L’attaquant, troisième du ballon d’or 1984, se rattrapera en participant grandement au titre surprise de son club Italien dans le Calcio.
Étant donné le jeu déployé par l’équipe de Michel Hidalgo, la France part avec les faveurs des pronostics en finale contre l’Espagne au Parc des Princes. La délivrance viendra de Michel Platini avec l’aide du gardien espagnol, Luis Arconada. Le gardien de la Real Sociedad effectue une boulette sur un coup franc du numéro 10. Michel Platini inscrit ainsi son 9ème but en cinq matchs dans la compétition. Un record qui tient toujours. Les Bleus résistent aux derniers assauts malgré l’expulsion du défenseur Yvon Le Roux en fin de match et Bruno Bellone parachève le succès tricolore à l’ultime minute (2-0). Pour plus d’informations sur cette finale, rendez-vous sur cette page.
Le vainqueur : la France d’Hidalgo et son carré magique
La France a rayonné dans son championnat d’Europe avec cinq victoires en cinq matchs et 14 buts marqués. L’Équipe de France est montée en puissance depuis l’arrivée de Michel Hidalgo à la tête de la sélection en 1976. L’ancien joueur de Monaco prône un jeu offensif et s’appuie sur une nouvelle génération avec notamment Michel Platini, Dominique Rocheteau et Maxime Bossis. Avec son nouveau sélectionneur, la France retrouve le gratin mondial en Argentine en 1978 après douze ans d’absence en Coupe du Monde. L’élimination lors des qualifications de l’Euro 1980 n’est qu’un accroc. Les Bleus brillent lors de la Coupe du Monde 1982 en Espagne avec la mythique demi-finale contre l’Allemagne de l’Ouest (3-3, 4-5 tab).
Le championnat d’Europe organisé en France est donc une occasion exceptionnelle pour les Bleus de remporter leur premier titre international. Pour atteindre cet objectif, Michel Hidalgo reconduit son milieu avec quatre techniciens, appelé carré magique. Par rapport à la Coupe du Monde 1982, Luis Fernandez chipe la place de Bernard Genghini aux cotés de Michel Platini, Alain Giresse et Jean Tigana. Ce milieu joueur est la clé de voute du succès français. Et les Bleus disposent du meilleur joueur européen, Michel Platini. Le joueur de la Juventus Turin est au sommet de son art. L’ancien stéphanois organise le jeu tricolore et est un redoutable buteur avec neuf buts inscrits dans la compétition.
L’Équipe de France a maitrisé son sujet lors de cet Euro même si les Bleus sont passés proches de l’élimination lors de la demi-finale contre le Portugal au Stade Vélodrome. Michel Hidalgo termine sa carrière internationale sur ce sacre européen et laisse la place à Henri Michel. L’ancien nantais mènera les Bleus à une nouvelle demi-finale mondiale lors de la Coupe du Monde 1986 en Mexique avec une nouvelle défaite contre la République Fédérale Allemande (0-2).
Il est à noter que l’été 1984 est historique pour le football français avec la médaille d’or de l’Equipe de France Olympique aux JO de Los Angeles. L’équipe dirigée par Henri Michel bat les favoris brésiliens en Finale (2-0). La doublure de Joël Bats à l’Euro, Albert Rust, est le seul joueur à avoir participé aux deux campagnes victorieuses.
Michel Platini éclabousse la compétition de son talent
Dans sa carrière de joueur, Michel Platini a disputé trois Coupes du Monde (1978, 1982 et 1986) et seulement un Championnat d’Europe mais quel Euro ! Le maître à jouer de l’Équipe de France réalise l’Euro parfait : unique buteur contre le Danemark, deux triplés contre la Belgique et la Yougoslavie, buteur décisif contre le Portugal en demi-finale et auteur du premier but en finale contre l’Espagne.
Le Turinois est sur un nuage tout au long de la compétition. Le numéro 10 marque du pied droit, du pied gauche et de la tête. Le milieu offensif s’épanouit dans le système mis en place par Michel Hidalgo. Il est entouré de techniciens dans l’entrejeu avec Alain Giresse, Jean Tigana et Luis Fernandez. Ce jeu offensif lui convient à merveille. Michel Platini n’est pas seulement le leader technique de l’équipe mais sa combativité et son courage sont un exemple pour ses coéquipiers.
Son magnifique Euro lui permet de remporter logiquement son deuxième ballon d’or en 1984 devant Jean Tigana auteur également d’un grand championnat d’Europe. Seuls deux jurés (Portugal et Suisse) ne positionnent pas le stratège bleu en tête de leur classement. Le Turinois remportera un troisième ballon d’or consécutif en 1985. Il mènera la France à une nouvelle demi-finale mondiale en 1986 mais son état physique ne lui permettra pas de réaliser une grande compétition au Mexique.
Président de l’UEFA depuis 2007, Michel Platini est l’artisan de l’élargissement à 24 nations du Championnat d’Europe à compter de l’Euro 2016. Mais, l’ancien joueur est suspendu de ses fonctions en décembre 2015 suite à l’affaire de la FIFA. Son appel de cette sanction sera examiné le 15 février. Ne pas vivre l’Euro 2016 en tant que président de l’UEFA serait un crève-cœur pour l’ancien sélectionneur des Bleus (1988-1992).